Originaire du Havre, Draft voit le jour 1999. C'est en 2002 que le groupe sort un maxi Stockholm syndrome et se produira en France, en Belgique ou en Allemagne accompagné de formations telles que Raised Fist, Shaï Hulud ou Nostromo. Ensuite, le groupe commence à préparer un nouveau disque. 2006 sera une année riche pour le groupe. En effet, après avoir participé aux présélections régionales du Printemps De Bourges et avoir remporté le tremplin Onde De Choc / Roadrunner, Slow-motion suicide voit le jour début novembre sur le label Les Disques Du Hangar 221 et distribué via Overcome Distribution. Dernière chose, Draft est un quatuor composé de Jean-Marc au chant, Matthieu à la guitare, Yann à la basse et François à la batterie.
Draft
Biographie > (D)ébauche
Draft / Chronique LP > Harmonic distortion
Intro toute en minimalisme feutré [vs] premier titre tout en tension exacerbée et fulgurance hardcore'n'roll, Harmonic distortion décolle et ne met guère de temps avant de nous pulvériser les conduits. La rage au "core", les Normands frappent très fort dès le premier "vrai" titre, qui fait donc suite à la bien nommée ("Intro"). Logique. "A voice from the heart" donc puisque c'est de lui dont il s'agit, dégoupille à tout va, fragmente ses riffs de manière à ne jamais laisser l'auditeur reprendre son souffle plus de quelques secondes avant de le soumettre de nouveau à un intense bombardement électrique. Electrochoc garanti. Draft a le coeur qui saigne, le sang qui bouillonne dans ses veines et s'arme de mélodies abrasives pour faire de ce premier titre un exutoire hard'n'roll de premier choix. Et après ?
Lancé à pleine vitesse, le groupe ne baisse pas de pied, à la limite, il aurait même tendance à en rajouter une couche justifiant un peu plus le titre de son album sur des titres de la trempe de "A boring death movie" ou "Because I am chaos". Section rythmique qui cadence l'ensemble avec une maîtrise de tous les instants, un chant écorché vif, des ambiances de fin des temps, post-chaotiques, Harmonic distortion est une éruption sonique en 10 épisodes, une sorte de catharsis hardcore rock à la fois brûlante, sauvage et libératrice. Et là débarque "Tear me off this gangrene", une rythmique power-punk foudroyante, screamo primal sur quasi toute la ligne, des guitares qui concassent ce qu'il nous reste de membrane auditive et des riffs perforants qui terminent le travail. Alea jacta est. Deux albums seulement et Draft est au sommet de son art.
La production quant à elle, est quasi irréprochable, idem pour le mixage et le mastering, réalisés par les pointures que son Thierry Von Osselt (Knut, Shora, Time to Burn) et Alan Douches (Converge, DEP, Mastodon) donnant un peu plus d'ampleur et de percussion à des compos qui n'en manquaient déjà pas vraiment. Car comme l'indique le titre de l'album, de la distortion, il y en a dans ce nouvel album du quintet frenchy, mais pas que. Il y a aussi des plans bien structurés et exécutés avec une sacrée maestria formelle, une hargne dans les vocalises qui contamine l'auditeur, une intensité émotionnelle que le groupe nous jette en pleine face sans prévenir et surtout ces brulôts hard'n'roll noisy qui détruisent les enceintes à coups de mélodies enragées et assassines ("Love tragedy and shakespearian drama", "Reasons never miss to cry"). Basse bien présente, un collectif parfaitement rôdé et un arsenal technique doublé d'une grosse puissance de feu : Draft défouraille, enflamme puis cautérise, met ses tripes sur la table de mixage et envoie du lourd ("Glory time of the modern rock slaves"). Saignant.
Draft / Chronique LP > Slow-motion suicide
Ce premier album de Draft est loin d'être brouillon. Ne pouvant refuser l'héritage de Refused, et ayant de quoi rendre les fans d'Envy envieux, les Havrais sont aussi sexy qu'Amanda Woodward dans son argumentaire de guitares claires ou provoquent une montée de fièvre que seuls les Feverish pourraient imiter. Faites rôder les fantômes de Gameness et Gantz dans le couloir et vous obtiendrez le diagnostic des patients. C'est bel et bien dans un registre émo-screamo-core que le quatuor a décidé de déverser son flot de décibels. Et le résultat est plutôt agréable à s'injecter dans les oreilles !
C'est "Failure of dialectic" qui ouvre l'album et le chant dans un registre relativement teigneux et incisif de Jean-Marc. Puis "Anus mundi" offre de belles mélodies, que ce soit de guitares ou du chant, avant de retourner gentiment à l'attaque. C'est en troisième position que déboule "Drunk and lost in LH" et là, je crie au génie ! Véritable exutoire sur lequel cohabitent emo et screamo dans ses fondements les plus corrosifs avec un redoutable entrain rock'n'roll extrêmement salvateur ! Puis un court "Interlude" vient temporiser la machine, indiquant presque que les 3 premiers morceaux n'étaient là qu'à titre d'apéritif.
On enchaîne avec le morceau éponyme de l'album sur lequel le groupe déploie toujours autant de dynamisme et toujours avec cette même fougue, car Draft ne traîne pas et fonce à toute allure dans sa débauche d'énergie, aussi tourmentée soit-elle. On entame alors le deuxième quart d'heure de jeu pendant lequel Draft s'applique à nous sortir un sacré numéro de voltigeur, sur le fil de l'émotion, n'hésitant pas à bondir dans des retranchements screamo plutôt de bonne augure. Parmi ces 4 titres, je soulignerai "Social entropy", autre piste s'acoquinant à un rock bestial et son final dévastateur, pas moins explosif et dansant que Franz Ferdinand au sommet de leur "Take me out".
Quelque chose dans "Spleen" (peut-être le chant en français), le morceau final, m'évoque Feverish et Jean-Marc laisse s'échoir "La mort est une vie bien plus sûre ..." au bout d'un exercice de style à l'atmosphère assez glauque.
Album tempétueux et contrasté, Slow-motion suicide permet de hisser Draft aux cotés de formations dont le potentiel n'est plus à démontrer. Il ne reste au groupe qu'à renouer avec la scène mais cela ne devrait pas poser de problème puisqu'une tournée est prévue pour décembre...