Draft - Harmonic distortion Intro toute en minimalisme feutré [vs] premier titre tout en tension exacerbée et fulgurance hardcore'n'roll, Harmonic distortion décolle et ne met guère de temps avant de nous pulvériser les conduits. La rage au "core", les Normands frappent très fort dès le premier "vrai" titre, qui fait donc suite à la bien nommée ("Intro"). Logique. "A voice from the heart" donc puisque c'est de lui dont il s'agit, dégoupille à tout va, fragmente ses riffs de manière à ne jamais laisser l'auditeur reprendre son souffle plus de quelques secondes avant de le soumettre de nouveau à un intense bombardement électrique. Electrochoc garanti. Draft a le coeur qui saigne, le sang qui bouillonne dans ses veines et s'arme de mélodies abrasives pour faire de ce premier titre un exutoire hard'n'roll de premier choix. Et après ?
Lancé à pleine vitesse, le groupe ne baisse pas de pied, à la limite, il aurait même tendance à en rajouter une couche justifiant un peu plus le titre de son album sur des titres de la trempe de "A boring death movie" ou "Because I am chaos". Section rythmique qui cadence l'ensemble avec une maîtrise de tous les instants, un chant écorché vif, des ambiances de fin des temps, post-chaotiques, Harmonic distortion est une éruption sonique en 10 épisodes, une sorte de catharsis hardcore rock à la fois brûlante, sauvage et libératrice. Et là débarque "Tear me off this gangrene", une rythmique power-punk foudroyante, screamo primal sur quasi toute la ligne, des guitares qui concassent ce qu'il nous reste de membrane auditive et des riffs perforants qui terminent le travail. Alea jacta est. Deux albums seulement et Draft est au sommet de son art.
La production quant à elle, est quasi irréprochable, idem pour le mixage et le mastering, réalisés par les pointures que son Thierry Von Osselt (Knut, Shora, Time to Burn) et Alan Douches (Converge, DEP, Mastodon) donnant un peu plus d'ampleur et de percussion à des compos qui n'en manquaient déjà pas vraiment. Car comme l'indique le titre de l'album, de la distortion, il y en a dans ce nouvel album du quintet frenchy, mais pas que. Il y a aussi des plans bien structurés et exécutés avec une sacrée maestria formelle, une hargne dans les vocalises qui contamine l'auditeur, une intensité émotionnelle que le groupe nous jette en pleine face sans prévenir et surtout ces brulôts hard'n'roll noisy qui détruisent les enceintes à coups de mélodies enragées et assassines ("Love tragedy and shakespearian drama", "Reasons never miss to cry"). Basse bien présente, un collectif parfaitement rôdé et un arsenal technique doublé d'une grosse puissance de feu : Draft défouraille, enflamme puis cautérise, met ses tripes sur la table de mixage et envoie du lourd ("Glory time of the modern rock slaves"). Saignant.