Draft : Slow-motion suicide Ce premier album de Draft est loin d'être brouillon. Ne pouvant refuser l'héritage de Refused, et ayant de quoi rendre les fans d'Envy envieux, les Havrais sont aussi sexy qu'Amanda Woodward dans son argumentaire de guitares claires ou provoquent une montée de fièvre que seuls les Feverish pourraient imiter. Faites rôder les fantômes de Gameness et Gantz dans le couloir et vous obtiendrez le diagnostic des patients. C'est bel et bien dans un registre émo-screamo-core que le quatuor a décidé de déverser son flot de décibels. Et le résultat est plutôt agréable à s'injecter dans les oreilles !
C'est "Failure of dialectic" qui ouvre l'album et le chant dans un registre relativement teigneux et incisif de Jean-Marc. Puis "Anus mundi" offre de belles mélodies, que ce soit de guitares ou du chant, avant de retourner gentiment à l'attaque. C'est en troisième position que déboule "Drunk and lost in LH" et là, je crie au génie ! Véritable exutoire sur lequel cohabitent emo et screamo dans ses fondements les plus corrosifs avec un redoutable entrain rock'n'roll extrêmement salvateur ! Puis un court "Interlude" vient temporiser la machine, indiquant presque que les 3 premiers morceaux n'étaient là qu'à titre d'apéritif.
On enchaîne avec le morceau éponyme de l'album sur lequel le groupe déploie toujours autant de dynamisme et toujours avec cette même fougue, car Draft ne traîne pas et fonce à toute allure dans sa débauche d'énergie, aussi tourmentée soit-elle. On entame alors le deuxième quart d'heure de jeu pendant lequel Draft s'applique à nous sortir un sacré numéro de voltigeur, sur le fil de l'émotion, n'hésitant pas à bondir dans des retranchements screamo plutôt de bonne augure. Parmi ces 4 titres, je soulignerai "Social entropy", autre piste s'acoquinant à un rock bestial et son final dévastateur, pas moins explosif et dansant que Franz Ferdinand au sommet de leur "Take me out".
Quelque chose dans "Spleen" (peut-être le chant en français), le morceau final, m'évoque Feverish et Jean-Marc laisse s'échoir "La mort est une vie bien plus sûre ..." au bout d'un exercice de style à l'atmosphère assez glauque.
Album tempétueux et contrasté, Slow-motion suicide permet de hisser Draft aux cotés de formations dont le potentiel n'est plus à démontrer. Il ne reste au groupe qu'à renouer avec la scène mais cela ne devrait pas poser de problème puisqu'une tournée est prévue pour décembre...