Down - Over the under Autant le dire tout de suite, celui-là, il dérouille quelque chose de bien... Et n'en déplaise aux âmes chagrines, certes l'armada Down ne sort un album que de manière épisodique, 3 en douze ans, mais à chaque fois, c'est béton. Et pas un poil qui dépasse.... quoique. Over the under, c'est simple, en gros c'est l'album de stoner metal sudiste que l'on fantasmait avant que le gang natif de Louisiane ne nous le propulse sauvagement dans les écoutilles. "Three suns and one star" démarre les hostilités : une intro toute en crescendo, qui prépare sagement le terrain avant de se tailler une bonne tranche de riffs gras et chargés en hormones pour un titre de stoner metal grunge, moite et pesant qui explose l'alcotest. Car c'est toutes guitares dehors et section rythmique qui bétonne que Down signe son retour sur le devant de la scène après deux albums quasi unanimement considérés comme des "must-have" du genre. Un retour attendu et qui ne décevra pas les puristes.

Le cinq majeur sudiste a pris son temps mais affiche la forme des grands jours. Le duo de gratteux que compose Kirk (Windstein) et Pepper (Keenan) balancent les décibels à la force du manche... de gratte. La paire Rex Brown/ Jimmy Bower, respectivement bassiste et batteur du groupe, assurent à eux deux une rythmique implacable et last but not least, Phil Anselmo fait à peu près la même chose que Chris Cornell il y a quinze ans avec Soundgarden... Avec des backgrounds pareils, les membres de Down étant issus de groupes aussi confirmés que Pantera, Crowbar, EyeHateGod ou Corrosion of Confirmity, on le sait, ça balance sévère. Mais le Down cuvée 2007 ne s'est pas contenté de faire un Down II bis. "The path" puis "N.O.D" passent en revue le meilleur de ce dont est capable ce all-star band 5 étoiles et ne se privent pas d'en expurger les clichés pour en produire un cocktail rocailleux et terriblement burné de stoner-metal sudiste, rugueux et tellurique. La prod est monstrueuse, le son pachydermique, typique de Down, rend largement justice à une puissance de feu démentielle (le break de "N.O.D") qui cogne sec et qui en fout partout. Evidemment, le résultat est carrément jouissif. Comme sur les deux premiers chapitres de l'histoire du groupe, ça gueule ("I scream"), ça démonte à tout va, ça gueule encore (""), c'est carré (l'énorme "On march the saints"), puissant et d'une maîtrise assez hallucinante, mais en plus... ça envoie des mélodies d'une rare efficacité. D'obédience stoner metal aux relents grunge, le son est massif et l'intensité tellement phénoménale qu'on ressort de ce Over the under complètement sonné par la déflagration Down. En même temps, c'était déjà ça sur les deux premiers efforts...

Comme d'ordinaire, le combo alterne les uppercuts métalliques avec les morceaux plus apaisés (un "Never try" très 70's, l'hommage psyché-rock bluesy au stoner/ southern rock "His majesty the desert"). Le all-star band se fait rare alors quand il refait surface, ce n'est pas pour rigoler. Et dans cet esprit, il jette en patûre à son auditeur un "Mourn" qui secoue les vertèbres avant d'enclencher la marche en avant avec un "Pyllamid" bulldozer qui met la colonne en miettes. Destructeur. On pouvait récemment lire dans nos colonnes informatiques que le Dopesmoker de Sleep était "ultime", cet Over the under mérite également ce qualificatif qui doit être utilisé à bon escient et avec parcimonie... Histoire de ménager son effet. Problème, avec cet Over the under, on serait d'user de cet adjectif toutes les deux phrases, alors que l'on plonge dans les entrailles de la bête. Pour parler du très inspiré "In the thrall of it all" par exemple. A moment d'écrire cet album, les cinq avaient encore à l'esprit deux drames qui les ont sacrément secoué, les ravages de l'ouragan Katrina sur leur Louisiane natale et le décès tragique (tué sur scène par un forcené) de Dimebag Darrell (ancien frontman de Pantera), d'où ces éclairs de rage brute qui parsèment cet opus et en décuple l'intensité... Un disque heavy et rentre-dedans à souhait, un album au punch inégalable et qui laisse en quelques endroits perler une mélancolie retenue (le sublime "Nothing in return (Walk away)")... "Invest the fear" referme cet album décidément ravageur et ceux qui ont survécu à l'assaut peuvent appuyer sur replay pendant que les autres essaient de recouvrer leurs esprits... Car, malgré quelques titres un peu redondant, la troisième livraison de Down fait très mal à la concurrence et aux passages à nos rotules et lombaires pourtant habitués à tel traitement de choc. En un mot et un seul : éNORME.