Doomriders - Grand blood Après 24 secondes d'introduction déjà bien sous tension histoire de prévenir le néophyte que ça ne va pas tarder à tomber, fatalement, quand "New pyramids", le premier véritable morceau du troisième album de furieux Doomriders enclenche la marche avant, ça dérouille pas mal. Comme l'on s'y attendait, le groupe sort l'artillerie lourde, libère son kraken musical et déchaîne les enfers à coups de stoner/hardcore infusé au death'n'roll/heavy/sludge qui dégoupille sévèrement les neurones. On le savait, la calotte devait fatalement nous claquer les fessiers jusqu'à les rendre rougeoyant au terme de l'album, zéro surprise de ce côté-là, c'est bien le cas.

Mais auparavant, les Américains toujours efficacement emmenés par un Nate Newton (Converge, Old Man Gloom) au sommet de son art et encore une fois distribués par les bons soins du label Deathwish Inc., exécutent un hardcore'n'roll forcené générateur d'une incandescence sonore des plus libératrices ("Mankind"), qui entre groove apocalyptique et harangue contaminatrice (le saignant et éponyme "Grand blood"), délivre une musique aussi passionnelle que furieusement racée ("Bad vibes", "Dead friends"). Les Doomriders distribuent les baffes sonores avec une constance qui frise l'irrationnel et enchaînent consciencieusement sans jamais se défiler dès lors qu'il s'agit d'aller au charbon (énorme "Death in heat", l'instinctif "We live in the shadows").

Une intensité de tous les instants, une efficacité redoutable qui met en exergue les pulsions sonores d'un groupe qui dévore goulûment la platine, celui-ci cannibalisant littéralement son auditoire alors-même qu'il poursuit son entreprise de démolition émotionnelle en se jouant des codes des styles dont il use pour mieux en exacerber l'essence. Promenade stoner/heavy-sludge habitée ("Gone to Hell"), rock hardcore punk sauvagement accrocheur ("Back taxes"), Doomriders fait à peu près tout ce qu'il veut avec une maîtrise absolue et une qualité irréprochable. Alors quand il s'agit de boucler la boucle de ce troisième album et de conclure virilement les (d)ébats, rien de mieux qu'asséner un dernier coup de boutoir, ultime coup de reins avec l'implacable "Father midnight".

Foudroyant.