C'est par un repas (blindant les estomacs) pris au beau milieu d'une tablée de gentils métalleux que débute la soirée. Et par la même, l'occasion de se mettre dans l'ambiance : ça charrie doucement, la déconne est légère, on évoque la durée des sets (35, 32, 37, 30 minutes ?), le manque de public, certains visages commencent à être marqués par la fatigue... et aux environs de 19h30, Zed, fait -enfin- son apparition après une journée de sommeil (le bonhomme ayant une grosse propension à dormir et/ou à rester dans sa baignoire).

Dirty 8 Tour 2007 : S-Core Dirty 8 Tour 2007 : S-Core Ce soir, au planning : en voir de toutes les couleurs et sous toutes les formes, se prendre de grosses doses de métal plein la gueule, le tout servi sous un déluges de décibels et de candelas ! Seules quelques dizaines de spectateurs ont fait le déplacement mais cela n'empêche pas les différentes formations de se donner à bloc, d'assurer un max' devant l'assistance.
Sikh est le premier groupe à monter sur scène. Pied sur le retour (qui servira de marchepied toute la soirée), Kal, apparemment rétabli de sa gastro, donne le ton d'entrée de jeu, rageur et déterminé. Roswell étant pris pour deux dates avec Babylon Pression, c'est Yann qui le remplace et assure (dans tous les sens du terme) les parties de basse. Le groupe partage sa setlist entre des titres de Sikh et de One more piece, le deuxième opus dernièrement livré par les Niçois. Le faible public ("le public, c'est le Dirty 8" dira en substance Kal) reste trop mou devant le set énergique, compact et racé du quatuor de la tournée. Pour effacer les ennuis du coté de Nico, le groupe balance un "blast", afin de s'exorciser le mauvais sort et tente de réveiller les occupants de La Tannerie.
De rares kids commenceront à se bouger devant la prestation de Superbutt. Et il faut avouer qu'il est difficile de rester de marbre devant les Hongrois et leur musique dynamique et débridée mais canalisée d'une main de maître (comme celles de Andras, un des géants de service ce soir). Aussi délirante en live que sur disques, autant extravertie de par ses compos que par la prestance des musiciens (les fabuleuses poses de Szabolcs avec sa guitare), la recette mise au point par Superbutt fait des ravages. Groove très fun et tendances funky, invitations à secouer de la tête à la pelle, les Hongrois sont tonitruants de vitalité devant les tentures à leur effigie. Andras remercie, s'il vous plait, en Français l'auditoire et Superbutt libère la place à ses successeurs d'un (tout) autre genre après une demi-heure de jeu...
Les sympathiques dingues de Housebound sont la charnière de la soirée en se plaçant en troisième position. Bien qu'il fasse très chaud, Ludo (guitare) porte son bonnet andin (qui ne tardera pas à voler) et Jonat (basse) joue brillamment au taré. Zed se contorsionne pour extirper ses textes et les étaler aussi intensément que possible, aidé par les soutiens du quatuor l'accompagnant. Le groupe a ouvert le bal avec "Dig" et exhibe avec panache On a daily basis..., parvenant à rendre une palpable nervosité lors des parties plus atmosphériques. Prenant pied dans un émo-core option pêchue, le passage de Housebound est ponctué par des interventions de Zed entre les morceaux. Pourtant limitées au minimum, elles lui laissent le temps d'insulter ses collègues du Dirty 8, mais "ils aiment ça", assure-t-il ! Ceci ayant pour but de continuer de détendre l'atmosphère... Enfin, comme il semble en être la coutume, la participation de Housebound se conclut par la cavalcade dans le public de Jonat, assurant un tour de la salle et se postant quelques secondes devant plusieurs personnes !
La pause inter-groupes est à peine plus longue que les précédentes puisqu'on procède au changement de la batterie pour la fin de cette septième étape du Dirty 8 Tour. Les X-Vision prennent place après qu'un sample (aquatique) ait occupé la façade et que les éclairages soient drapés de bleu. Dans la foulée, Arnaud fait retentir sa batterie et le coup d'envoi est donné. Impressionnants de précision et de puissance, les musiciens enrobent le chant de Pierre avec le haut niveau de technicité qu'on leur connaît. Le (death-)métal des Lorrains fait mal là où il cogne, c'est très pointu, les zicos sont carrés et embarqués dans une jouissante sécrétion de sueur. L'esprit de fraternité de la tournée se fait ressentir lorsque des Housebound viennent au premier rang soutenir leurs potes à l'honneur sur scène. Les quelques agités du public en ont pour leurs frais, exténués, abattus par les déflagrations du quintet. Alors qu'il reste à vivre l'ultime prestation de la nuit.
Terminant cette soirée à La Tannerie, S-Core a le bénéfice de la durée de jeu (40 minutes). Le groupe Alsacien fait une entrée en grandes pompes avant d'inoculer son hardcore-métal bien ficelé et dense, très dense même. Qui a dit étouffant ? Après la piste inaugurale, Ket (tout comme Andras de Superbutt, n'est pas non plus une demi-portion) invite Kal (Sikh) pour lui tenir compagnie au chant et ce sera au tour de Zed (Housebound) d'en faire de même sur le morceau suivant. S-Core s'appuie sur son deuxième album, fraîchement débarqué, pour se présenter au public mais n'oublie pas non plus de faire de petits détours par Riot, process engaged... ("Hate your faith"). Agressif et pesant à la fois, le concert de S-Core incite bel et bien à se bouger mais le public s'est amenuisé et ceux qui subsistent debout paraissent sur les rotules, vidés par l'énergie déployée par la vingtaine de musiciens s'étant succédés sur la scène de La Tannerie.