dirge_promo1.jpg dirge_promo1.jpg Wings of lead over dormant seas est votre quatrième effort studio, comment vois-tu l'évolution de la musique de Dirge depuis ses débuts, même si tu as toi-même rejoint l'aventure en cours de route ?
Alain B. : Le groupe à ses débuts était axé sur la guitare et le chant puis tout le reste tournait sur des machines, câlé à mort avec les images. Quand en 1999 je suis arrivé à la batterie et Zomb aux samples, une évolution s'est mise en marche naturellement. Pas de machines, donc pas de contrainte de tempo ou de temps à respecter et nous avons pu du coup développer quelque chose de différent. Plus laisser libre court à l'improvisation.

Avant d'en arriver à l'actu récente et la sortie de Wings of lead over dormant seas, j'aurais voulu revenir sur l'écriture de And shall the sky descend. Quand on a des morceaux qui durent près de 25 minutes soit la durée standard d'un album de grind (rires), comment se passe le processus de composition ? Quelqu'un vient avec un riff, une idée de structure ou vous laissez faire les choses comme elles viennent ? Et d'ailleurs, avez-vous bouleversé vos habitudes avec le nouvel album ? (ça c'est ma transition, sic)
Stéphane L. : Le modus operandi demeure très souvent le même en matière d'"écriture". Marc compose le squelette essentiel du morceau, charge à tout le groupe de lui donner chair par la suite. Le travaille d'élaboration commence donc dans le studio de Marc où tous les 3 avec Alain construisons petit à petit ce qui sera testé par la suite en répétition. Une fois arrivés là, le volume poussé transforme, révèle ou trahie pas mal de chose. C'est une troisième étape, qui permet d'élaborer tout les paramètres organiques de notre musique, passages improvisés compris. C'est le moment où l'on laisse les choses aller de l'avant, se développer naturellement jusqu'à ce que le dosage nous paraisse bien. L'apport de chaque membres peut alors transformer considérablement la structure originelle du morceau. Mis à part un ou deux titres comme "Nulle part", le nouvel album a été composé de cette manière.

And shall the sky descend [sorti en 2004 et réédité il y a quelques semaines par Equilibre Music] est quasi unanimement reconnu comme un excellent album, comment avez-vous appréhendé l'écriture de son successeur ? Vous êtes-vous mis une certaine pression au moment d'entamer la conception de Wings of lead... ?
A : Ce n'est pas une histoire de se mettre la pression, c'est juste que l'on essaye d'avoir une progression et donc de toujours faire mieux que l'album précédent.

Les gens et notamment nous, journalistes et chroniqueurs musicaux, aimons les étiquettes et/ ou les comparaisons. Beaucoup évoquent Neurosis, Cult of Luna ou Godflesh lorsqu'ils parlent de votre musique, cela vous gène ou au contraire vous fait plaisir de d'être affilié à leurs courants musicaux ?
A : Le groupe existe depuis 1994 et je pense que avons trouvé notre identité musicale depuis quelque temps déjà (que ce soit dans le son ou dans les compositions), alors au bout d'un moment les comparaisons ne sont plus justifiées. Après être affilié à tel type de courant musical, pourquoi pas si cela nous permet de nous faire connaître à un plus large public.

J'ai lu que le Dirge des débuts était assez inspiré par le magma industriel de Godflesh, vous avez suivi les nombreux projets de Justin Broadrick post-Godflesh et notamment Jesu ou vous avez décroché ?
Marc T. : Il est vrai que fin 80 début 90, Godflesh était une référence pour moi, ils avaient un son unique. Par la suite j'ai vraiment bien aimé Techno Animal ainsi que Final. Après, j'ai vu Jesu en live une fois récemment mais je n'ai pas trop accroché...
S : Perso, je n'ai jamais réellement accroché à Godflesh. Je préfère de loin Jesu (en particulier le premier album, éponyme) dont les sonorités et les atmosphères éthérées me touchent beaucoup plus. Ou alors carrément les débuts de Broadrick sur le premier Napalm Death !

Dirge est né il y a treize ans et pourtant, si le groupe est relativement connu dans les cercles metal indé hexagonaux, on connaît peu ses membres, et à la limite on pourrait même dire que vous ne cherchez pas énormément à médiatiser le groupe, à l'exposer au grand public pour finalement faire jouer le bouche-à-oreille ? Une manière un peu alternative de secouer l'underground en évitant la logique mercantiliste. J'ai juste ?
A : C'est surtout qu'en France, on a bien du mal à sortir de ce coté underground si on ne fait pas une musique un peu stéréotype. Rien qu'au niveau de la longueur de nos titre, on n'est pas dans un format standard. Après quant a la médiatisation des membres du groupe, je crois qu'on ne calcule absolument rien.
S : Dirge est un ensemble composé de différents éléments. Nous en faisons partie moins en tant qu'individus qu'en tant que moteurs créatifs, au même titre que les images projetées lors de nos concerts, les textes ou les visuels des albums. C'est un tout indissociable dominé par le son et qui doit être pris comme tel. Dans cette logique, une "médiatisation" des membres du groupe est parfaitement inutile.

Lorsque l'on écoute un titre comme (au hasard) "The endless" (qui figure sur And shall the sky descend...), on est complètement happé par cette tempête sonore qui s'abat sur nous. On a l'impression d'être pris dans un grand huit musical destiné à nous procurer des émotions particulièrement intenses. Du coup, on avait envie de savoir ce qui inspirait votre écriture lorsque vous vous réunissiez pour travailler sur de nouvelles compos.
S : Tout ce qui prend forme n'est que le résultat naturel de ce que nous ressentons. Il n'y a rien de calculé, rien de prémédité. Si notre musique a des aspects aussi telluriques et orageux c'est parce que tout le groupe est en accord avec le son et les atmosphères que nous voulons développer au sein de Dirge.

dirge_promo2.jpg dirge_promo2.jpg Vous allez jouer le 22 septembre au Point Ephémère aux côtés des suisses Knut et de nos compatriotes de Time to Burn, cela m'amène à parler de la scène metal indé française, vous qui via Dirge faites un peu figure d'exception dans le paysage musical hexagonal, quel regard avez vous sur elle ?
S : A vrai dire, nous ne fréquentons pas de groupes français, mis à part les Kill The Thrill avec lesquels nous avons une affinité particulière. Ceci dit il y a un bon paquet de groupes talentueux en France (passés ou présents), avec lesquel nous nous sentons connectés : Hint, Proton Burst, Bästard, Overmars, Year Of No Light, SUP, Von Magnet, Mimetic, Sleeppers...

Alors que ce qu'on appelle communément le "post-core" est à la mode un peu partout, vous qui êtes un peu des précurseurs avait en partie contribué à initier ce mouvement, comment voyez-vous ces groupes comme Isis ou Pelican qui sont maintenant des références incontournables et quel est votre point de vue sur toute cette vague qui, depuis trois/quatre ans, exploite le filon en déferlant sur les bacs ?
S : Tant mieux pour nous si l'on peut profiter de cet étrange buzz. Mais à vrai dire, notre nouvel album aurait de toute façon sonné strictement de la même manière sans toute cette vague. Tu sais, les modes vont et viennent, et comme dans chaque mouvement plus ou moins "trendy", celui-ci laissera derrière lui ses groupes cultes, ses injustement oubliés, ses usurpateurs etc. Rien de nouveau. Et tant mieux pour SunnO))) s'ils jouent à guichets fermés devant les branchouilles de Technikart ou si la discographie de Earth est soudainement rééxhumée. Nous ça ne nous préoccupe pas.

De l'avis général, Dirge se fait assez rare en live, alors à quand un DVD live pour contenter tout le monde ?
A : Disons que cela nous intéresserait bien, mais pour des raisons financières ce n'est pas à l'ordre du jour. Mais en fonction des ventes, et aussi de la demande pour ce genre de produit, pourquoi pas !

Finalement, lorsqu'on parle de vous, on entend les termes : noise, post-metal, hardcore etc. En deux/trois mots comment définirais-tu le style Dirge pour les jeunots pré-pubères amateurs de Good Charlotte et Tokio Hotel qui ne vous connaissent donc pas encore ?
S : La musique de Dirge est une éruption au fond d'une mer étale.

Question chiffrée : vous pensez/espérez vendre combien d'exemplaires de Wings of lead over dormant seas ?
A : Bah disons, que l'on espère toucher le plus grand nombre de personnes avec ce nouvel album. Après les chiffres exacts, on a fait un premier pressage de 3000 pièces.

Avant-dernière question, d'où vient ce nom : Dirge ?
M : Je trouvais que ce mot sonnait bien et qu'il résumait bien l'esprit de notre musique.

Dernière question : quelque chose à rajouter ?
A : Rendez vous le 22 septembre au point éphémère pour nous voir en live.