Dillinger Escape Plan - Option paralysis Il fallait que cela arrive un jour, Dillinger Escape Plan a commis le successeur d'Ire works. Dis comme ça, cela peut paraître curieux, mais toute la problématique quant à ce nouvel effort vient du fait que son prédécesseur était simplement monstrueux. Et celui d'avant également. Du coup, comment faire mieux ? Ou tout au moins aussi bien tout, en proposant quelque chose de différent. "Farewell, Mona Lisa", titre inaugural d'Option paralysis se charge de répondre à nos questions... à moitié. DEP livre ici un titre bicéphale, joyeusement bordélique, hardcore bien comme il faut, mélodique à sa manière, mais avec ce petit "truc" en moins qui fait qu'on n'est pas encore pleinement convaincu par la mise en route de l'album. Les Américains ne semblent pas encore complètement libérés et pire... jouent avec le frein à main. Que l'on se rassure, ils lâchent tout dès le titre suivant : "Good neighbor". Et là, ça calme les (h)ardeurs. Un choc des titans mathcore avec des guitares qui cisaillent dans tous les sens, un concassage frénétique des tympans et des plans qui se percutent les uns aux autres à pleine vitesse, sans que le groupe n'en perde une miette. Nous n'ont plus d'ailleurs. Un seul titre, c'est ce qu'il aura fallu à Dillinger pour remettre vraiment la machine en route. La classe.
Et ça enchaine sans sourciller : "Gold teeth on a bum" est d'une rare efficacité rock incandescente quand "Crystal morning" se lance dans l'une de ces séances de trépanation métallique bien tordue dont le groupe a le secret depuis une poignée d'album. Déviance émotionnelle, cadence infernale, chant complètement dément dans ses variations le faisant passer des beuglements hardcore aux mélodies rock super noïsiques, et last but not least, toujours ce sens aigu de la rythmique épileptique qui retombe toujours sur ses toms, Dillinger Escape Plan fait du pur DEP (cf : le très chaotique "Endless endings"). Et le fait parfois très bien. Le problème de cet album, outre le fait de ne pas aller aussi loin ou d'être aussi résolument créatif que ses prédécesseurs (en l'occurrence Miss machine et Ire works), ce qu'il voit le groupe commettre des "trucs" aussi infâmes que "Widower" : sorte de marshmallow "popisant" absurde et franchement ridicule au bout d'une seule minute trente... C'est d'ailleurs pourquoi, un peu honteux, le groupe enchaîne à "core" perdu sur des titres de la trempe d'un "Room full of eyes" (un must) ou d'un "Chinese whispers" avant de se foutre royalement en l'air sur "I wouldnt if you didn't". Dommage. Innover, expérimenter, c'est bien, ne pas faire n'importe quoi c'est mieux, DEP avait parfaitement assimilé et maîtrisé cette notion sur ses deux derniers efforts en date, là, il passe parfois à côté de son sujet malgré une poignée de titres d'excellentes factures (un "Parasitic twins" en forme de DEP meets NIN meets Mike Patton). Paradoxalement un peu décevant et en même temps plus qu'honorable.