Dillinger Escape Plan - Ire works Acharnement et opiniâtreté, voici les deux mots qui caractérisent autant le travail des Dillinger Escape Plan que l'effort d'écoute des auditeurs sur cet Ire works. Un parallèle que l'on retrouve à chaque milliseconde de cet album hors-norme, une somme d'intrications métalliques aux lectures multiples, une sorte de puzzle mental et auditif à la narration explosée, aux structures en quatre dimensions et à la logique quasi irrationnelle. DEP semble anarchique dans son raisonnement mathcore, il est en fait implacablement logique, sauf que sa vision, toute en prise de risques inconsidérés et joyeux bordel bien barré, ne se résume pas, elle ne se décrit pas par l'écrit, mais se vit, s'affronte en s'immergeant complètement dans cette oeuvre hallucinante... ou hallucinée... ou les deux. Schizo, mais virtuose, le groupe met tout sa hargne dans ses morceaux, véritables torpilles auditives qui, à l'image d'un "Black bubblegum" ou d'un "Milk lizard" font passer l'auditeur par toutes les émotions, de l'effroi à la fascination, de la perplexité à la conviction, celle d'avoir finalement à faire avec quelque chose de peu commun. Mélodie "Pattonienne" appuyée par une double pédale véloce et frénétique, déferlement hardcore irraisonné sur "Fix your face", mélange des genres iconoclaste ("Horse hunter"), les Dillinger Escape Plan sont exigeants avec eux-mêmes tout comme avec ceux qui se frottent à leur musique. Il y a là une forme de cohérence dans la complexité qui leur permet pourtant de ne pas non plus s'enfermer dans quelque chose qui soit absolument inaccessible. Précurseur du genre, le groupe se fait l'apôtre d'un mathcore salement violent et acéré comme une lame de rasoir, un metal subversif dans lequel les riffs se percutent entre eux. Un "Lurch" dantesque, une bonne dose de chaos technique directement injecté en intra-veineuse, DEP fait ce qu'il sait faire de mieux : foudroyer et diviser (pour mieux régner ?). Il y a ceux que chaque nouvel album déçoit et/ou (rayer la mention inutile) déroute un peu plus et il y a les autres, pour qui cet ensemble (faussement) complexe n'est qu'un amas de bruits épars ne menant à rien d'intelligible. Et puis il y a ceux qui seront bluffés par la maestria technique et l'inventivité permanente de ce groupe pas vraiment comme les autres, ce malgré quelques bizarreries un peu obscures. En voilà un qui a au moins le mérite de ne pas chercher le consensus. Hystérique et perfusé au son mathcore rock'n'roll moderne, excellemment produit et ravagé par quelques mélodies intenses et détonantes, Ire works est de ces albums qui, écoute après écoute, marquent assurément les esprits...