Demon Hunter - True defiance Sixième album studio en dix ans pour Demon Hunter qui a l'instar de pas mal de ses congénères nord-américains boxant peu ou prou dans la même catégorie métallique, exploitent leur filon jusqu'à épuisement, sans oublier de bosser. On dira ce que l'on voudra de la scène metalcore "chrétienne" US (et affiliés) - on pense notamment à August Burns Red, Norma Jean ou Underoath - les gars ne glandent pas et tournent ou enregistrent sans quasiment discontinuer dès le moment où ils signent chez une maison de disques leur assurant un maximum d'exposition. En l'occurrence pour nombre d'entre eux Solid State Records ou depuis peu Razor & Tie (celui n'étant pas pour autant spécialisé uniquement sur cette scène-là).

Une demi-douzaine d'albums studio pliés en une décennie, la recette est par conséquent déjà bien éprouvée et c'est avec un savoir-faire pour le moins irréprochable que les natifs de Seattle conjugue ici hard-rock couillu, metalcore power-burné et relents de nu-metal/émo mélodiques pour servir une mixture sonore autant taillée pour plaire aux mâles en quête de virilité qu'aux midinettes en manque de sensations fortes. Quid d'un soupçon d'originalité dans le menu proposé par Demon Hunter ? On oublie ça de suite, ici, c'est comme à la cantine, on n'est pas vraiment là pour jouer sur les différences de saveur mais pour bouffer du prêt à consommer. De l'entertainment musical aussitôt consommé, déjà pré-digéré et aussitôt vite oublié (ou pas loin) qui, sur les premiers titres à dominante chrétienne (très) lourde ("Crucifix", "God forsaken", "Destiny") envoient néanmoins les décibels effleurer brutalement les enceintes.

Premiers titres suffisamment accrocheurs pour poursuivre : Demon Hunter se montre efficace avant de baisser singulièrement de régime sur "Wake" un peu poussif puis de s'oublier sur une ballade rock marshmallow dégoulinant de bons sentiments avec le caricatural "Tomorrow never comes". Pour la finesse, vu l'abominable résultat, on repassera et on essaie justement de passer à autre chose avec l'enchaînement "Someone to hate" / "This I know" mais malgré une production bien maousse, on atteint les limites d'une créativité métallique qui n'était pourtant déjà pas le fort d'un groupe qui ne semble plus rien avoir à dire (ni faire). Mélodies grossières, riffing pataud ("We don't care"), du gros son metalcore "junk-food" : ça castagne et c'est tout, à quelques rares exceptions près (on cherchant bien "Resistance" est encore à peu près audible) avant le retour de la ballade qui donne envie de se mettre la tête dans le mixeur ("Means to an end"). Euh sinon quand est-ce qu'ils splittent déjà ?