Deliverance-Neon chaos in a junk-sick dawn Si on se réfère à Wikipedia, le doom metal, c'est "une musique lente et lourde tintée d'éléments mélancoliques" alors que le black metal "se caractérise par des tempos rapides, un chant hurlé en voix de tête souvent relativement aigüe". Lent d'un côté, rapide de l'autre, lourd et grave d'une part, aigu de l'autre côté. Si on en reste là, les deux styles semblent s'opposer... et pourtant Deliverance n'a jamais été aussi doom et black que sur ce Neon chaos in a junk-sick dawn. Et le pire, c'est que cet amalgame improbable fonctionne !

En moins de 7 minutes (pour une fois), le titre introductif, "Salvation needs a gun", impose ce genre nouveau qui ose marier les contraires, ça part à fond avec une ambiance chargée d'orgues, ça blast, ça hurle, c'est black de chez black et la tempête se calme, la batterie cesse de frapper, les guitares remettent la machine en route mais la pesanteur remplace la vitesse dans l'équation et, abracadabra, on se retrouve au cœur d'une partie doom. Tout au long de l'opus, le désespoir et le mal-être se bousculent pour jouer les premiers rôles, pas la peine de jeter un œil aux textes pour s'en rendre compte, la musique est suffisamment évocatrice... Par acquis de conscience, j'ai quand même vérifié et oui, ce n'est pas franchement tout rose du côté des paroles. Comme si le tableau n'était pas assez complet et complexe, Deliverance ajoute de gros clins d'œil à un de mes groupes préférés. Enfin, je pense que c'est volontaire mais si ça se trouve, c'est juste le hasard. Toujours est-il que l'introduction d""Odyssey" ressemble beaucoup aux "quatre notes" de "Shine on you crazy diamond", ces 4 notes jouées et rejouées par David Gilmour ressemblent à celles du début de ce morceau, si leur utilisation est ensuite différente de chez Pink Floyd, je ne peux m'empêcher d'y voir un hommage. Avec cette idée en tête, comment ne pas penser un peu plus loin (sur "Fragments of a diary from hell") que c'est cette fois-ci à "One of these days" que les Parisiens font référence ? Des sons chelous, des claviers, des voix filtrées et une explosion dévastatrice quand le titre débute véritablement. Ok, pour cette analogie, je vais peut-être chercher un peu loin mais réécoute les "4 notes" de "Shine on" puis l'intro d""Odyssey" et ose me dire qu'il n'y a pas similitude ! Le synthé est d'ailleurs super bien intégré au reste, aussi bien sur les titres très longs où installer une atmosphère est important que sur un morceau plus court comme "Up-tight" qui passe du doom au black (histoire de varier les plaisirs) à l'aide de grands coups sur les notes du clavier.

Si on jouait à un jeu genre "invente le nom du groupe en écoutant son album", je ne choisirais pas Deliverance (même si la leur va bien, surtout qu'il est question de naissance également sur cette galette), je choisirais plutôt un truc genre Cathedral of Filth, mettant en avant la crasse qui en dégouline et deux références majeures que l'on n'imaginait pas facilement pouvoir se croiser un jour.