Avant de commencer quelques précisions s'imposent : parce que Deftones est LE groupe dont je suis fan. Comme un gosse. Genre, je connais des anecdotes débiles sur Chino, Steph, Abe, Chi, Frank et Sergio (hé ouais, je les appelle par leurs prénoms). Genre, je peux parler de toutes les conditions d'enregistrement de chaque album. Genre, quand Chi Cheng a eu son accident il y a deux ans j'ai été choqué. Genre, je connais des démos toutes pourries que je trouve trop bien. Genre je connais le nom de travail des chansons avant leur titre définitif ("Bukkake" c'était le nom de "When girls telephone boys" et encore faut la connaître cette chanson). Genre, tous les textes de Chino Moreno sont pour moi des trésors de génie. Genre.

Deftones en live c'est casse gueule. Si tout le monde semble s'accorder pour dire qu'à l'époque d'Around the fur c'était la folie, force est de constater que depuis l'énorme White pony, la qualité n'était pas toujours au rendez-vous. La faute à la drogue, à l'alcool et à une ambiance de groupe souvent plombée. Cette impression m'avait été confirmée à plusieurs reprises mais le fait d'être fan faisait que les défauts ne me choquaient pas et étaient pour moi un bon thermomètre de la viabilité du groupe. Je trouvais ça cool que Chino et ses potes soient pas au top car je les trouvais humains.

Et puis est arrivé le salvateur Diamond eyes. L'album de la renaissance. De la tranquillité retrouvée pour un groupe qui aujourd'hui est surpris d'être encore là et fort d'avoir surmonté toutes les épreuves malgré les pertes, les addictions, les intransigeances artistiques et le fait de n'avoir jamais voulu assumer le rôle de leader de ce néo métal qu'ils n'ont jamais vraiment fait au final.

Ce soir, c'est un groupe souriant, en forme, heureux de jouer et sacrément puissant que j'ai vu ce soir là. Un son massif et propre, un chant quasi parfait (il faut le dire : Chino peut chanter en live comme en studio !) et une attitude toujours aussi sobre, comme si Deftones jouait toujours dans les clubs pourris de Californie où ils ont commencé il y a presque 20 ans ! Une set list variée et riche qui a fait la part belle à tous les albums, surtout le dernier et excellent Diamond eyes et au cultissime White pony. Juste deux chansons de l'album éponyme ("Minerva", "Bloody cape") et, seul gros regret, aucune chanson de l'énorme Saturday night Wrist. On notera que le nouveau bassiste Sergio Vega tient plus que bien son rôle et semble bien intégré et accepté par le public. Un peu plus d'une heure et demie de concert pour les fans qui étaient nombreux à n'en pas douter (et qui ont du apprécier le classique rappel consacré à Adrenaline depuis la dernière tournée).

Mais le plus grand fan de la soirée c'était moi. Sans aucun doute. Et ça Deftones ne l'a pas vu. Pas parce que je chantais toutes les paroles. Pas parce que j'ai eu des frissons. Pas parce que je savais que quand Stephen Carpenter ne changeait pas de guitare je savais que la chanson suivante allait être de sûr issue du même opus que la précédente. Parce que sur le chemin du retour, la neige et le verglas aidant, j'ai fait mon petit hommage personnel à Chi Cheng. Et laissez-moi vous dire que même après un passage à l'hôpital pour recoudre une oreille qui se faisait la malle et pour enlever des bouts de verres de ma figure, et enfin même si ma voiture est bel et bien foutue, j'ai pensé en rentrant chez moi que ça le valait totalement. N'est pas fan de Deftones qui veut.

Deftones @ Fri Son, Fribourg 2010 Deftones @ Fri Son, Fribourg 2010 Voici la set list pour ceux qui veulent baver un peu :

"Rocket Skates"
"Around The Fur"
"My Own Summer (shove it)"
"Be quiet and drive (far away)"
"Elite"
"Knife Party"
"Korea"
"Digital Bath"
"Diamond Eyes"
"CMND/CTRL"
"Risk"
"Beauty School"
"Prince"
"You've Seen The Butcher"
"Sextape"
"Bloody Cape"
"Minerva"
"Passenger"
"Change (In The House of Flies)"
"Back To School"

--- rappel ---

"Birthmark"
"Root"
"Engine n°9"
"7 Words"