Deftones - Diamond eyes Après un Saturday night wrist un peu sous-estimé, un album entièrement enregistré (Eros) mais jusqu'à présent jamais sorti à cause d'un bassiste, Chi Cheng, sur le carreau (à qui l'on souhaite au passage de se rétablir complètement...), voici donc l'album suivant... Diamond eyes, un opus nécessairement très attendu après la demi-renaissance du groupe et mis en boîte par le quartet/quintet de Sacramento avec le concours d'un cinquième membre en intérim/CDD/CDI en la personne de Sergio Vega (ex-Quicksand).
Et là pas le temps de tergiverser, comme si les Deftones avaient voulu rendre hommage à leur "frère" encore dans le coma, l'entrée en matière de l'album est des plus électriques et sauvages. "Diamond eyes", ne prend pas de moufles pour dérouiller la mécanique et attaque d'entrée en mettant de gros riffs abrasifs sur la table de mixage. Production bien ronde, un Chino Moreno en grande forme (pas le physique on a dit...), une mélodie simple mais efficace, des guitares qui tranchent dans le gras (bon allez, juste une petite pour la route...), une hargne juvénile retrouvée et une grosse envie d'en découdre. Nul besoin d'en dire plus, ça envoie et pas qu'un peu... D'autant ce n'est pas près de s'arrêter puisque les Californiens mettent tout ce qu'ils ont dans les chaussettes pour défragmenter les tympans sur le titre suivant : "Royal". Riffing de bûcherons enragés, explosivité métallique et savoir faire éprouvé : pas de doute, Deftones a la rage chevillée dans ce corps meurtri par le destin et se sert de ce deuxième titre comme exutoire. Une bombe.
Le diamant est éternel. Une fois sur orbite, le groupe enchaîne et évolue trois classes au dessus de la concurrence ("You've seen the butcher", "Risk" un peu plus loin) : harangue guerrière, bulldozer rythmique [vs] sulfateuse arrosant les amplis de riffs perforants, Chino et les siens donnent tout. On n'en attendait pas moins d'eux mais là quand même, c'est quelque chose (""CMND/CTRL"). La frappe est sèche comme jamais, le chant nuancé juste comme il faut, la section rythmique en impose et l'ensemble est ficelé à la quasi perfection. Ecoeurant pour les critiques pourtant prêts à dégainer sur ce Diamond eyes, lequel ne se prive pas d'accoucher de quelques singles évidents : le très beau "Beauty school", le plus subtil "Prince" ou la torpille sonique et évidente tuerie "Rocket skate". Quand les 'Tones envoient le gros son pour défoncer des vertèbres et piétiner quelques rotules, on reste verrouillé sur la cible, transpercé de part en part par l'efficacité d'un groupe qui n'a plus rien à prouver et qui à chaque fois, tapent dans le mille. Même quand ils jouent la carte de la finesse, c'est la grande classe ("Sextape", "This place of death"). Rien à ajouter : Diamond eyes est un sacré album de plus à mettre au crédit du cinq majeur de Sacramento. Un must donc. Car les Deftones ont encore frappé. En attendant le retour de Chi.