Deftones : Saturday night wrist Si il y a un album qui était attendu l'an dernier, c'était bien celui-là : Saturday night wrist, ou le come-back tant espéré des Deftones, après un dernier effort, disons-le honnêtement un peu fade et un premier essai pour Team Sleep en tous points remarquable. Et entre-temps, une compilation de raretés et covers, plus qu'intéressante, mais qui n'allait pas vraiment nous aiguiller dans un sens sur le sujet qui nous préoccupe aujourd'hui. Dès lors, la logique aurait été de penser que l'album pouvait être très bon si le combo de Sacramento avait orienté sa musique du côté du side-projet éléctro-rock de son leader, ou franchement dispensable, en restant dans les bases de l'album éponyme. Et bien, on a tout faux et on va rapidement comprendre que les américains ne sont pas là pour plaisanter.
En passant un bon gros coup de kärcher sur sa discographie, les Deftones reviennent en force et balancent dans nos conduits auditifs ravis d'être traités avec autant d'égards, un single premier en forme de véritable tube metal/ rock alternatif "Hole in the earth". Une mélodie accrocheuse, des instrumentations intenses et entêtantes, les américains livrent un premier titre terriblement efficace et se fendent par la même occasion d'une entrée en matière particulièrement réussie. Les Deftones nous ont accroché, ils ne vont plus nous lâcher, car la suite va être du même calibre. "Rapture" débarque avec pertes et fracas sur la platine, on en tient pour notre argent. Abrasif, ravageur et sous LSD, ce deuxième titre rompt avec l'aspect ultra-mélodique de son prédécesseur. Ici, le quintet de Sacramento lâche les cheveaux et livre un brûlot metal/ rock façon Helmet, les discrètes nappes éléctroniques en plus. A l'occasion, de "Beware", le groupe élève encore le niveau, là, on cause éléctro-rock/ nu-wave et le résultat est ébourriffant. Arrangements fouillées, ambiances éthérées, guitares célestes et chant typiquement "deftonien", on est à genou alors que le groupe ne nous a encore offert que 3 titres de ce Saturday night wrist.
Alternant comme souvent passages sensibles et riffs massifs chaloupés, les Deftones assènent leurs titres comme autant de preuves scientifiques de leur inspiration retrouvée après le semi-flop artistique de Deftones. Le combo travaille ses ambiances ("Cherry waves" ou le single "Mein" avec un invité de luxe mais relativement discret en la personne du SOAD Serj Tankian), impose sa puissance tellurique quasiment sans effort et impressionne un auditoire, pourtant habitué à un tel traitement de choc. Pas assez apparemment, donc le groupe a rajoute une couche avec le schizophrénique et démentiel "Rats, rats, rats", monstrueuse baffe à la violence brute de décoffrage que l'on prend en pleine face ; avant de se la jouer carrément éléctro-wave sur l'hypnotique "Pink cellphone" (et la douce Annie Hardy de Giant Drag en guest innattendue). Après un "Combat" plutôt convaincant mais relativement classique dans sa forme, Deftones met la touche finale à sa démonstration de force avec "Kimdracula". Véritable hymne metal/rock taillé pour le live, ce morceau est sans doute le climax de cet album, un titre qui concentre à lui seul tout ce dont sont capables Chino Moreno et sa bande. Qui a dit que le groupe était fini ? Fourmillant de détails, multipliant les pistes, les brouillant pour mieux affirmer sa matûrité artistique et renvoyer toute la vague nu/ metalcore à ses chères études, les californiens accouchent d'un de leurs meilleurs titres tous albums confondus. Raffiné, heavy, plus mûr et complètement libre artistiquement, Deftones nous sert avec Saturday night wrist l'un de ses meilleurs albums, si ce n'est LE meilleur, en tous cas, le plus abouti, alors même que ça conception a été plus que douloureuse (les américains ont même été à deux doigts de se séparer fin 2005). Et au final, le groupe prouve qu'il n'est pas encore mort, au contraire, avec ce nouvel effort, il réinvente quasiment un style musical à lui seul. Et ça, il faut bien le reconnaître, c'est la classe.