deftones : set list 2006 Pourtant, c'était plutôt mal parti... Dagoba monte sur scène et annonce la couleur : "je suis malade donc je vais chanter mal et faux, le bassiste jouera avec ses cheveux, le guitariste n'a pas la pêche et l'ingénieur du son est sourd"... Et il n'avait pas tort, les compos manquaient cruellement d'intérêt sur CD mais bon, en live, ça peut des fois passer... Là, c'est vraiment pire... Son catastrophique (avec un sampler réglé 152 fois trop fort), chant clair digne des premiers épisodes de La nouvelle star et une guitare brouillone plus artificielle qu'harmonique. Surnage le batteur qui envoie de bonnes frappes, mais il est tout seul, le public du Nord étant sympa, les Marseillais ne sont pas sifflés...
La rumeur court dans l'Aeronef bondé, la veille (à Paris), ils ont joué Adrenaline "presqu'intégralement", les sourires s'affichent, il faut dire que l'âge moyen est relativement élevé, il n'y a pas beaucoup de kids et aucune Chinette... C'est avec un énorme "Korea" que le concert débute, le son n'est pas très bon mais il est rectifié rapidement et aprés 3-4 titres, c'est nickel (enfin, perso, je trouve qu'il y avait un peu trop de grave...), les Deftones n'ont donc pas toujours un mauvais son... Par contre, ce qui est vrai, c'est qu'ils ont une énergie phénoménale sur scène, notamment Chino qui n'attend pas très lontemps pour aller se frotter au public qui s'éclate encore davantage avec "My own summer (shove it)", s'il se démène sur la scène, il ne s'étendra pas au micro : bonjour, au revoir, quelques mercis et une autre petite phrase anodine sur la fin, avec le "merci beaucoup" de Chi Cheng, c'est à peu prés tout mais le peu de moment de relachement entre les titres permet de faire monter l'intensité et "Hexagram" est balancé en travers de nos oreilles, à ce rythme-là, ils ne tiendront pas plus d'une heure... Mais tout l'art des Deftones est aussi dans le parfait équilibrage entre chansons ultra percutantes et délicieux temps calmes, "Beware of the water" est un de ceux-là, l'occasion pour tout le monde de souffler et de profiter de la guitare de Stephen Carpenter et des samples de Frank Delgado. Chino, amaigri, s'en sort à merveille au chant, les Deftones ne chantent donc pas toujours faux... Au passage, on apprécie le jeu de lumières très travaillé (les éclatants Soulfly de "Head up" sont excellents). Le quintet de Sacramento continue son set avec un grand coup d'accélérateur ("Feiticeira"), passer du plus calme au plus violent ne leur pose aucun souci, on pourra le constater plusieurs fois, notamment aprés la reprise de Cure ("If only tonight we could sleep") qui est enchaînée à "Around the fur" et "Lifter" ! A partir de "Change (in the house of flies)", il est difficile de ne pas s'extasier sur chaque titre, tous étant de très grands moments... De communion avec un public ravi qui murmure les I've watched you change ou qui hurle les Soulfly sur un "Headup" cataclysmique... Lessivé aprés 70 minutes de dense spectacle (et non pas de spectacle de danse), Stephen reste seul sur scène pour triturer un larsen, aprés quelques minutes, il lâche le sacro saint riff, en remet une couche quelques secondes plus tard, hurlements de joie de la fausse jusqu'au balcon, les quelques mythiques accords de "Bored" nous sont donnés en pâture pour débuter ce rappel qui durant une bonne demi-heure nous fera revivre l'essentiel d'Adrenaline, les Deftones ne jouent donc pas toujours moins d'une heure.... Passage à la basse distordue, passage sur la gratte, chant et batterie, "Bored" est un hymne magique, mais les "Nosebleed" et "Root" qui le suivent valent également leur pesant de cacahuètes californiennes... Le gateau est énorme, la cerise le sera également car si le riff de "Bored" donne des frissons, celui de "7 words" n'est pas mal non plus dans son genre et alors qu'on jumpe dans tous les sens, déboule sans crier gare "Birthmark" puis un autre extrait d'"Engine N°9", où vont-ils s'arrêter ? Et bien avec la fin de "7 words" qui achèvera tout le monde ! Un concert monumental pour un groupe sympathique qui se donne à fond et ne mérite pas sa mauvaise réputation scénique, dans tous les cas, avec des concerts comme ceux-là, elle va changer...

Set list : "Korea", "My own summer (Shove it)", "Hexagram", "Beware of the water", "Feiticeira", "Be quite and drive", "When girls telephone boys", "If only tonight we could sleep", "Around the fur", "Lifter", "Minerva", "Bloody cape", "Change (in the house of flies)", "Headup - Bored", "Nosebleed", "Root", "7 words/birthmark/Engine N°9/7words".