Deftones - Ohms Les groupes que tous les vieux fenecs apprécient sans trop de discussion sont assez peu nombreux, Deftones en fait partie et quand les Californiens sortent un nouvel album, forcément on en discute... Et Ohms n'a pas changé une idée qu'on est plusieurs à partager : la dernière fois que les 'Tones nous ont vraiment excité, c'était avec "Hexagram", premier titre de leur éponyme, la suite n'est qu'une vague liste de titres où ils assurent surtout leur présence. L'annonce du retour de Terry Date aux manettes a émoustillé quelque peu notre intérêt, celui qui avait défini leur son allait-il pouvoir les sortir de leur train-train ? La réponse est non.

Certes, ils renouent avec ce son de guitare qui a fait les belles heures de White pony (dont la réédition avec un album de remix bonus est presque plus intéressante que cet opus) mais la voix plaintive est surproduite de Chino ne touche plus, une fois passée l'illusion "Genesis", le ressort se détend... Et même quand Stephen Carpenter lâche de gros riffs saccadés en mode Adrenaline ("Urantia"), des petits sons traînent et annihilent l'effort et la volonté de mettre un peu de puissance, comme si les Deftones avait peur du vide alors qu'une de leurs forces originelles, c'était justement ces silences et le malaise créée par la distorsion. Le guitariste qui joue même parfois sur une neuf cordes voit toutes ses tentatives de mettre de la patate se faire aplatir par des arrangements. Même le titre dédié à l'électricité et à la résistance, "Ohms", semble tout mou, comme s'il y avait un complot pour éviter aux Deftones de retrouver du mordant. Le pire c'est qu'on a l'impression qu'ils sont plusieurs à se démener pour que ça pète (Sergio et Abe ne sont pas en reste) mais les interventions de Frank (ou Terry) enveloppent de ouate les compositions qui ne cassent plus rien. Comme vaccinés contre la rage, les mecs de Sacramento s'en remettent aux balades pour exprimer leur talent, le particulièrement réussi "Pompeji" joue sur la lenteur et la profondeur, ça fonctionne. La multiplication des pistes vocales sur "Headless" apporte aussi un peu d'intérêt mais au final, on retient surtout que des titres comme "Urantia", "This link is dead" ou "Radiant city" pourraient être exceptionnels s'ils étaient plus bruts.

A l'instar de leurs collègues de KoRn, les Deftones hantent toujours la scène métallique mais s'ils occupent leur terrain et continuent de suer sur scène, on a du mal à comprendre leurs intentions, le combo est partagé entre une écriture qui reste incisive d'un côté et de l'autre une production qui lisse et adoucit leurs élans. Sans la puissance mélodique des "Feiticeira", "Digital bath", "Passenger" ou "Change (In the house of flies)", ce Ohms nous laisse sur notre faim même s'il démontre que Gore était une incartade plus qu'une étape.