Sortez les enfants, enlevez les bouchons et accrochez-vous au siège, voici l'heure de la fessée made in Deathwish Inc. avec le deuxième album de Deafheaven. Si l'on se souvient encore de la claque magistrale qu'avait été Road to Judah, on ne va pas se mentir, les Américains ont remis ça mais en mode "the next big thing"... si bien que dès les premières mesures de "Dream house", la piste d'ouverture de ce Sunbather, on pressent déjà le déluge qui va nous arriver dans la figure. Et ça ne loupe pas : c'est une tornade post-rock-hardcore qui s'abat sur une platine déjà ensanglantées par les vociférations black-metal de l'enfer qui annihilent toute velléité d'ataraxie émotionnelle. 9''14' d'un déferlement de jouissance primale et sans concession pendant lesquelles on en prend littéralement plein la gueule, et un mot nous revient sans cesse comme un mantra : Énorme.
Quelques hectolitres de violence pure et de riffing incandescent plus tard, expédiés à une vitesse ahurissante, et voici que les Deafheaven en termine avec l'introduction pour laisser sa place à un "Irresistible" qui joue la carte de la douceur indie pour laisser respirer l'auditeur pris à la gorge par le monstrueux titre inaugural. Mais qui va se reprendre un rocher sur le coin du crâne avec le morceau éponyme de ce Sunbather. Une troisième piste qui renoue avec ce que le groupe sait faire de mieux. Mais porté cette fois à son paroxysme créatif. Deafheaven est ici d'une intensité inégalable, d'une sauvagerie à s'en ouvrir les veines, d'une beauté cendrée à la noirceur aussi palpable que repoussante. Et le sait. Alors il appuie là où ça fait mal. Soit en plein cœur. Mettant l'âme de son auditeur en lambeaux lors de crescendo renversants, poussant ses limites jusqu'aux retranchements et l'emmenant dans un grand huit proprement dément, il fait ce que l'on n'osait imaginer totalement : enfanter d'un chef-d'œuvre.
On oublie Road to Judah quelques instants et on assiste au choc thermique sensoriel proposé par un groupe déjà parvenu au sommet de son art après deux albums seulement. Entre atermoiements shoegaze/post-rock/folk aux tentations parfois dronisantes ou bruitistes ("Please remember") et éruptions de rage brute, le groupe cautérise lui-même les plaies béantes qu'il ouvre avec notamment l'excellemment bien nommé "Vertigo" et son quasi quart d'heure d'empoignade émotionnelle et de vibrations telluriques bouleversantes. Les Deafheaven mettent tout ce qu'ils ont dans leurs tripes, mais alors vraiment tout, s'abandonnant purement et simplement à leurs instincts primaires pour paradoxalement livrer une œuvre aussi cérébrale que sensorielle. Une ode au désespoir asphyxiante et libératrice, un véritable manifeste de douleur viscérale qui trouve son essence dans des compos à la densité ahurissante, entrecoupées de morceaux plus nébuleux ("Windows") accentuant de fait, l'impact général de cette œuvre passionnelle qu'est Sunbather. Ce, jusqu'au tsunami final "The pecan tree". Une ultime éruption de lave en fusion et la confirmation que le groupe ne pratique pas le même art que ses semblables. Ni post-rock, ni shoegaze, ni black-metal mais un peu de tout ça à la fois. Sans comparaison possible avec le reste du monde.
Saisissant, éprouvant, déchirant... mais cathartique.
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Deafheaven :
Chronique LP / Sunbather
Deafheaven
LP : Sunbather
Label : Deathwish Inc.
Date de sortie : 11/06/2013
LP : Sunbather
Label : Deathwish Inc.
Deathwish Inc. (616 hits)
Date de sortie : 11/06/2013
Dream House
Irresistible
Sunbather
Please Remember
Vertigo
Windows
The Pecan Tree
Irresistible
Sunbather
Please Remember
Vertigo
Windows
The Pecan Tree
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