Deafheaven Deafheaven, c'est donc l'autre grosse sensation made in Deathwish Inc. (on dit aussi hype quand on l'est) du moment, avec Kvelertak, dans la catégorie "black metal mais pas que même que du coup, ça brasse beaucoup plus que prévu". Les norvégiens pré-cités et signés chez le très tendance Indie Recordings, ont choisi de jouer la carte d'un rock'n'roll frondeur, punchy, résolument hi-energy (et accessoirement de faire sauter la banque avec un score dans les charts proprement détonant), les américains ci-présentement chroniqués ont eux opté pour une trajectoire plus fine, plus subtile. Et pour cause, l'idée est ici d'allier les atmosphères évanescentes d'un shoegaze moderne d'émo-post-rockers au désespoir suicidaire d'un black-metal screamo aussi malsain que délicieusement torturé. Casse-gueule sur le papier. Bluffant dès qu'on enfourne la galette dans le mange-disques.

Quelques minutes de grosse démonstration formelle et de claque artistique de tous les instants plus tard, le résultat est à la hauteur de la très flatteuse réputation colportée depuis quelques mois par la blogosphère branchée hard. Non Deafheaven, n'est pas juste une hype de plus, c'est carrément une vraie claque trans-genre qui éclabousse les enceintes de toute sa classe. "Violet", premier des (seulement) quatre titres que compte Roads to Judah est à ce titre, une peignée émotionnelle monumentale. Un mélange de nappes ambient/post-rock/shoegaze apaisantes, d'abrasion sensorielle écorchée, de crescendo éruptifs, de séquences de blast intense et de climax psychologiquement destructeur. OUCH. Douze minutes et presque vingt secondes d'une secousse sismique "blackcore" porté par un martellement rythmique fulgurant qui défragmente littéralement (ou quasi) les enceintes de votre serviteur. Monstrueux... non mais vraiment.

Pas un coup de bluff mais assurément la naissance d'un futur grand en devenir, lequel se paie le plaisir de confirmer ses excellentes dispositions avec "Langage games" sur un format certes, plus compact, mais qui comprime le propos du groupe tout en le rendant plus acerbe, plus virulent (comme si ce n'était déjà pas assez...). Une décharge de haine pure d'une effrayant limpidité qui contraste avec la noirceur palpable de l'ensemble. Tout en contrastes, DFHVN varie les plaisirs sans jamais céder un pouce sur l' intensité ahurissante qu'il met dans ses morceaux. En témoigne "Unrequited" et sa déflagration "post-truc" frénétique qui met tout le monde d'accord avant que "Tunnel of trees" ne vienne définitivement enterrer son auditoire. Un coup en usant à loisir d'une violence abrupte qui rend sourd, une autre fois en jouant la carte d'un ambient/post-rock cotonneux et velouté. Avant de frapper sec derrière la nuque sur un final tout en vibrations telluriques. Quatre titres pour 38 minutes d'une musique implacable, qui prend aux tripes et retourne les neurones pour nous mettre "chaos" debout, là, franchement, respect.