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Dead Cross / Chronique LP > II

Dead Cross - II Dead Cross, le groupe de Mike Patton (Faith No More, Mr. Bungle, Fantomas, Tomahawk), Dave Lombardo (ex-Slayer, Testament, Suicidal Tendencies), Justin Pearson (The Locust, Retox) et Michael Crain (Retox), poursuit son aventure punk hardcore avec un deuxième album sobrement intitulé II. Les Américains n'ont visiblement pas été calmés musicalement (humainement, ça, on n'en doute pas) par le traitement du cancer de Crain depuis 2019 et puis par la mort l'année dernière de leur premier chanteur Gabe Serbian. Cela semble même avoir motivé les gaziers qui repoussent leurs limites avec une cohésion étourdissante sur ce nouvel album dont les qualificatifs pour le décrire nous manquent : chaotique, sauvage, frénétique, anguleux et désorientant...

La rage et la douleur animent ce disque d'une densité affolante pour une œuvre influencée par le thrash, le punk-rock, le post-punk, le noise rock, le goth-rock et d'autres formules sans garde-fous. Car il faut s'accrocher pour adhérer à ce patchwork sonore que propose la bande de Mike Patton. La tentation du "Stop-Eject" (oui, je suis vieux) peut revenir très souvent si on ne prend pas le temps de s'immerger dans ce tortueux mais non moins intéressant II qui présente la particularité de ne pas avoir de titres qui se détachent plus que d'autres. Certains y verront des clins d'œil à d'anciennes formations des membres comme le riff du début de "Christian missile crisis" rappelant directement Slayer ou bien des ambiances sombres évoquant une partie de celles du premier Tomahawk, voire même parfois Faith No More avec l'alternance du chant clair/gueulé sur "Strong and wrong". À ce sujet, les vocalises carrées et immédiates de Mike Patton, bien accompagnées par les gueulantes de Justin Pearson, donnent du volume à l'ensemble grâce à sa palette non surprenante (du chuchotement aux paroles scandées en passant par le "parlé" et les hurlements).

Mais ce qui reste le plus imposant dans ce nouvel album et qui détrône le reste, ce sont les guitares de Michael Crain. Voir ce type en pleine séance de chimio durant l'enregistrement enchaîner autant de choses pour garnir les 9 morceaux de façons aussi diverses (riffs bruts et efficaces, nappes hérétiques, habillage alambiqué de sons clairs...) est stupéfiant. Le duo basse-batterie reste anecdotique à côté, pourtant sa lourdeur et son impact s'imposent naturellement, surtout sur les parties les plus punks comme "Heart reformer" ou "Nightclub canary". Mais ces dernières ne sont pas forcément les plus marquantes du disque, nous sommes plus sensibles à des morceaux dont les ambiances sont davantage travaillées, mélodiques et variées tels qu'"Animal espionage", "Ants and dragons" et "Imposter syndrome". Tout ceci étant dit, soyons honnête et le plus objectif possible, Dead Cross n'est pas, de manière évidente, ce qu'a fait de mieux Patton dans sa longue et fourmillante carrière, II est bon et déroutant certes, mais n'est pas pour autant l'album de l'année.

Publié dans le Mag #55

Dead Cross / Chronique LP > Dead cross

Dead Cross - Dead Cross Quel crédit accorder à Dead Cross ? Faut-il s'exciter sur ce nouveau projet réunissant Dave Lombardo et Mike Patton ? L'alchimie entre les deux métalleux avait éclaté au grand jour lors des concerts de Fantômas, ici, le projet est celui de l'ancien batteur de Slayer (entre autres) et l'ancien chanteur de Faith No More (entre autres) ne l'a rejoint qu'après le départ de Gabe Serbian (The Locust, Retox). Mike a réécrit des textes et a posé sa voix sur des instrus élaborés sans lui, le groupe tourne ensemble cet été mais ensuite ? Ses membres ayant tellement de projets sur le feu qu'il est peu évident de parier sur un avenir. Ça gâche un peu le plaisir d'écouter les rythmes fous de Lombardo et ce qu'ont réussi à faire le bassiste et le guitariste de Retox pour le suivre, que Patton s'intègre aussi aisément dans la démence ambiante semble par contre assez normal. Certains titres sont gravement barrés ("The future has been cancelled", "Church of the motherfuckers") et seuls les techniciens y trouveront un intérêt, pour le reste, c'est une sorte de grind-punk-core que seuls ces mecs-là peuvent se permettre. Ça défoule, ça épate, ça surprend, ça pose question mais au final, ça ne touche pas autant que Fantômas...

Publié dans le Mag #29