Cult of Luna - Vertikal II Ils ont remis ça. Quelques semaines après avoir livré un album majuscule avec Vertikal, redonnant par la même occasion son lustre à une (magistrale) discographie quelque peu en perte de majesté après un Eternal kingdom très clairement en deçà des possibilités intrinsèques des natifs d'Umeå, les Cult of Luna sont déjà de retour aux affaires avec un EP se dévoilant comme la suite directe de leur sortie précédente. Lesquelles possibilités s'étaient de nouveau révélées infinies avec cet album long-format qui vit le groupe se réinventer complètement, repoussant ses propres limites avec une verve, une soif d'intensité et une créativité retrouvée. Fatalement, Vertikal II ne pouvait que très fortement susciter un intérêt plus que marqué.

On l'a déjà dit par ailleurs, Vertikal était monumental. Alors ses géniteurs lui ont donné cette suite qu'est le très logiquement baptisé Vertikal II (pourquoi faire compliqué ?). Un disque au format court parce qu'il ne fallait pas exagérer non plus mais un EP qui fait figure de sequel à l'américaine. Et quatre titres qui eux vont en laisser deux ou trois des séquelles par contre, ce, même si le groupe initie le mouvement en y allant piano avec un "O R O" apparaissant comme une ballade au travers de cieux particulièrement tourmentés. On trouvera un esprit quasiment folk dans cette manière qu'ont les Scandinaves de poser leur musique, sentencieuse et apaisée alors que l'on devine le chaos régnant autours d'elle, comme si celle-ci s'enfermait elle-même dans sa propre bulle avant de réinventer ses propres émotions, ses ressentis, à l'infini...

L'apocalypse semble imminente et alors que le morceau se termine, les premiers éclairs de rage se mettent à lézarder le ciel, préparant de fait le terrain à un "Light chaser" qui vient doucement faire grimper les pressions atmosphériques avant de libérer la place et de laisser parler le mastodonte et véritable climax de Vertikal II. "Shun the mask" et ses quelques douze minutes d'une promenade postcore progressive, qui, entre torpeur faussement hypnotique et éruptions vénéneuses, distille sa dose de violence larvée et épouse insidieusement les contours d'un univers fait de noir et de blanc, mais également de toute une myriade de dégradés de gris conjugué à l'émotion pure, brute, unique de par son expression quasiment naturaliste. Laquelle trouve un ultime écho dans le remixe du titre "Vicarious redemption" signé Justin K.Broadrick. Plutôt très classe et envoûtant, il est une version revisité d'un morceau présent sur Vertikal bouclant parfaitement la boucle en concluant cet objet apparaissant comme la séquelle naturelle de Vertikal, une version "extended" ou "Director's cut" plus ou moins indispensable selon que l'on ait ou pas apprécié l'album à sa juste valeur.