cult of luna - a dawn to fear (digipak) La voix de Julie Christmas ayant pas mal vampirisé Mariner, on peut dire que ce A dawn to fear est le retour aux affaires de Cult of Luna après un Vertikal qui avait couché tout le monde. Depuis 2013, le groupe a subi quelques transformations puisque Kristian Karlsson (Pg.Lost) a remplacé Anders Teglund aux claviers et qu'Erik Olofsson (un des trois guitaristes) a quitté le navire. Les Suédois se sont aussi pas mal reposés et ont suffisamment rechargé leurs batteries pour nous sortir un double album (compte le temps d'un film pour l'écouter et n'attend pas un single radio pour les découvrir), le tout dans un digipak au carton embossé (oui, ma femme fait du scrapbooking) avec des pochettes rappelant les vinyles pour protéger les CDs et un livret où textes et photos nous laissent pantois.

Batterie sourde, notes de guitares désordonnées, basse qui sature, un premier énorme élan et on saute au cœur de cette nouvelle offrande, le chant guttural est rapidement contrecarré par une gratte lumineuse, cette opposition des tonalités est une (si ce n'est "la") des marques de fabrique de Cult of Luna qui redéfinit ici rapidement son territoire, on est chez eux, ils sont au commande. Et alors qu'ils auraient pu se contenter de livrer une nouvelle œuvre "post hardcore" presque classique (après tout, ce sont les patrons du genre, ils font ce qu'ils veulent), les Suédois sortent de leur zone de confort en jouant sur les rythmes. Ils mettent de côté les lentes progressions déchirantes pour mettre de la dynamique (le génial "Nightwalkers") ou, à l'inverse, tout plomber ("A dawn to fear"). Ils étirent également le cinématographique instrumental "Lights on the hill" et apporte une douceur incroyable au pourtant inquiétant "We feel the end", donnant au "Disc B" une couleur plus chaleureuse, plus prog' et émoustillant mon radar aux références à Pink Floyd. Écouter cet album prend du temps (1h30 environ) et si pour certains, on se demande s'ils n'auraient pas mieux fait de condenser leurs meilleures idées plutôt que de trop les développer, ici, impossible d'imaginer enlever un ou deux titres tant l'ensemble est cohérent.

L'aube n'est pas à craindre, elle sépare juste la nuit du jour, l'obscurité de la lumière, c'est cet instant magique où des univers se croisent et la vie reprend, certes, pour les adorateurs de la lune, c'est une pause dans le cycle... mais ce moment particulier est aussi une allégorie de la musique de Cult of Luna, une musique aux confluences de multiples ambiances, une musique riche en sensations qui, malgré toute leur variété, riment avec communion.