Ecrire des questions pour une interview n'est jamais facile, d'autant plus quand les interviewés ont la réputation d'être direct et de ne pas faire dans le politiquement correct et le discours commercial. Bref, au moment de rédiger mes questions, j'avais en tête le sketch de Thomas VDB qui prépare ses questions pour un groupe du Sud dans le spectacle En rock et en roll...
Tout le monde ne lit pas toutes vos interviews donc il y aura certainement des questions "standard", c'est chiant mais il faudra faire avec...Il y a quelque chose de plus pénible que ça quand on est dans un groupe ?
Tu veux dire en dehors des endroits de merde où on peut parfois être "hébergés" ? C'est vrai, pas grand chose.
Sur l'EP Still, il y a deux covers, en principe ça demande moins de temps qu'une compo mais là, j'ai des doutes... Surtout pour celle de The Horrorist... D'ailleurs, pourquoi ce choix, c'était une sorte de défi ?
Pas vraiment de défi non, c'est une chanson qu'on adore tous depuis longtemps, autant pour le fond que pour la forme... Après, ça a été long de déchiffrer les phases de la chanson mais instrumentalement c'est très simple, une mélodie de guitare, une ligne de basse et un million de patterns de batterie... On ne va pas te mentir cela dit, quand on a eu fini de l'enregistrer, on s'est quand même dit que c'était une idée débile, on était très fiers de nous. Surpris aussi d'un accueil plutôt positif en dépit des éternels pisse-vinaigre bien pensants du hardcore positif.
"Every breath you take" est un standard mais assez différent des autres reprises, puiser dans différents genres, c'est voulu ou c'est le hasard ?
Un peu des deux pour être honnête, au départ le morceau était bien plus traditionnel, dans le sens où toute la structure a été jouée et enregistrée, mais une fois terminé on trouvait que c'était à chier, très plat. Alors sur un hasard, on a viré la batterie sur tout le début pour ne garder que ce qui en subsiste maintenant, le break central, et on a réarrangé le début. La chanson reste présente dans son intégralité mais un peu défigurée et avec une dynamique bien plus intéressante, pour nous.
Vous en travaillez déjà d'autres ?
Ouais, on a toujours une blinde d'idées de reprises plus ou moins débiles qui nous font rêver, de Toto à Sade, pas le marquis, en passant par Hozier et Depeche Mode...
Vous aimez "emprunter" des bouts de textes ou des riffs déjà existants, c'est pour rendre hommage, par jeu ou par fainéantise ?
Déjà, merci de remarquer. Jamais par fainéantise, parfois pour l'hommage, beaucoup pour le jeu mais toujours parce qu'on trouve l'idée géniale. Combien de riffs ou de punchlines on aurait aimé avoir inventé ? Parfois le seul moyen de les jouer c'est soit la reprise, soit la petite fourrette plus ou moins discrète dans un morceaux à nous : on se fait plaisir.
Le style Cowards est particulièrement sombre, d'où vient cette noirceur ?
Disons que, très banalement, on est tous plus ou moins désabusés de beaucoup de dynamiques qui régissent notre monde, alors si on sort les grosses guitares et notre gars qui gueule, on va forcément avoir une palette restreinte. Appelle ça de la frustration. Tant que tu n'appelles pas ça une catharsis, on est encore maîtres de nos besoins. Sorti de ça, on est tous des gars hyper ancrés dans la réalité et probablement le quintet sur la route le plus drôle du hardcore game, exception faite des Belges, ils nous sont supérieurs en tout, ce qui ne nous empêche pas, au même titre que n'importe qui d'autre de porter en nous une part de violence. Simplement, on n'est pas des animaux et on choisit où et quand ça se passe. Mais on laisse le Rire & Chanson game à Ultra Vomit.
Comment réagissent votre famille ou des amis pas spécialement amateurs de musique quand vous leur faites écouter Cowards après les sempiternelles "vas-y fais écouter ce que tu fais comme musique" ?
Ils n'ont pas le temps de demander deux fois. Ils ont droit à leur écoute privée dès que le master sort du studio. Les réactions sont systématiquement les mêmes, de la fierté mêlée à une incompréhension vaguement craintive.
Les artworks sont toujours très réussis, ils viennent d'une réflexion commune ou vous arrivez à "laisser faire" Camille ?
Merci pour lui. L'artwork de Rise to infamy était son idée, de la cover à l'intérieur, il nous a soumis des illustrations qui lui semblaient aller avec nous, on en a sélectionné trois et bingo, département du lingo.
Pour le Still on avait l'image sous le coude depuis avant la sortie de Shooting blanks & pills, on l'avait un peu oubliée mais on s'en est rappelé à point nommé.
Vous pourriez enregistrer avec quelqu'un d'autre que Francis Caste ?
Il faudra bien : comment valider officiellement que c'est lui le meilleur sans être aller voir ailleurs ? Personne ne nous inspire tellement confiance ces temps-ci cela dit, autant en production qu'en termes humains. On sautera le pas le moment voulu.
Avoir des gens de confiance autour de soi permet de composer plus librement ?
Ça n'a rien à voir avec la composition et tout à voir avec la sérénité.
L'avenir à court et moyen terme, c'est quoi ?
Essayer de faire des dates pour Still, se remettre à écrire pour le prochain.
Il se murmure qu'un split est en préparation...
... Et oui, on doit finaliser ce split avec Stuntman, nos gars de confiance de Montpellier. Tout est quasiment prêt, on se prend juste la tête sur l'artwork, y'a pire comme problème.
Ce sera tout, merci !
Tu as le bon goût de ne pas me laisser le mot de la fin, pas de bol, j'en ai un : elle était très bien ton interview, c'est ballot que tu te sois sous-vendu dès le départ. Merci, donc.
Une bonne interview doit plus à celui qui répond aux questions qu'à celui qui les pose, merci donc à et aux Cowards, merci également à Sarah (Dooweet).
Photos : DR