Cortez (qui n'a rien à voir avec le combo stoner homonyme de Boston) voit le jour en Suisse en 2001 sous la forme d'un trio. Après une année de travail dans son coin, le groupe fait ses débuts sur scène et partage quelques dates avec Gojira et avec un groupe culte : Iscariote. En 2004, Cortez enregistre une démo 3 titres, ce qui vaut au groupe d'attirer un peu plus l'attention sur lui et d'ouvrir pour Jesu et Isis lors d'une date à Bordeaux. Son mélange de post-hardcore métallique et noise lui vaut déjà de captiver l'attention et les rapprochements avec des groupes de la trempe de Botch, Isis ou Cult of Luna ne semblent pas usurpés. Un an plus tard, attendu au tournant, le trio sort son premier album long-format Initial via Radar Swarm/Exutoire Records. Le succès d'estime est au rendez-vous et le disque est aujourd'hui épuisé. En 2006, le groupe publie un split avec leurs compatriotes de Ventura. Depuis plus grand chose sinon une participation à l'automne 2008 à la compilation Falling down..., les Suisses prennent leur temps.
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Rubrique :
Kehlvin
Progressive post-hardcore dynamitant la scène helvétique...
Cortez discographie sélective
lp :
No more conqueror
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lp :
Phoebus
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compil :
We fucked up our lives - A tribute to Tantrum
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lp :
Initial
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Liens Internet
- mygmusique.com : webzine rock
- La Grosse Radio : le site de La Webradio Rock
- Lords of Rock : webzine pop rock suisse
Métal > Cortez
Biographie > Rising chaos
Cortez / Chronique LP > No more conqueror
Un peu comme les éclipses de soleil, un nouvel opus de Cortez n'arrive pas super souvent et il vaut mieux s'y préparer pour ne pas se bousiller les oreilles parce quand ils apportent leur dose de noir dans ta vie colorée, ils ne le font pas à moitié. Enregistrés en 2016, mixés en 2017, sortis en 2019, les titres de ce nouvel album ont pris leur temps (penser à placer une vanne sur la lenteur suisse) mais n'en perdent pas pour t'agresser, leur post-hard-noise-core qui dérouille envoyant grosses mandales sur méga-torgnoles en mode presque grind (c'est comme ça qu'ils aiment, cf "Seven past forever" ou "Abodes of hail season"). Quand les instruments baissent un peu leur niveau de sauvagerie, c'est le chant qui prend la relève comme sur "According to Claude Bernard" ou "Tristan Da Cunha" (avec quelques dédoublements savoureux). Aussi expéditif que brutal, No more conqueror ne fait pas de prisonnier, n'accorde pas de pitié, se contentant juste de réduire en bouillie tous ceux qui s'y frotteront (l'apocalyptique "Hemigraphic" au son un poil plus clair qui n'est pas sans rappeler Unfold). Contrairement aux éclipses, on peut se faire mal tous les jours avec ce nouveau Cortez explosif et corrosif.
Cortez / Chronique LP > Phoebus
Ils avaient quasiment (et volontairement) disparu de nos radars depuis 2005 (à l'exception d'une participation à un split LP avec Plebeian Grandstand pour dépoussiérer leurs instruments) et pourtant, comme Unfold, ils sont revenus sur le devant de la scène sept ans après l'exceptionnel Initial pour pulvériser la scène européenne avec un nouvel album (le deuxième seulement) : Phoebus, sorti grâce à une association de plusieurs labels de pointe en matière de Hard qui tâche : Basement Apes Industries (General Lee, The Prestige), Get a Life! Records (When Icarus Falls), Lost Pilgrims (Rorcal) et Throatruiner Records (As We Draw, Birds In Row, Plebeian Grandstand...).
Et comme un pied de nez à son histoire, délivre d'entrée de jeu un "Temps morts" qui prend tout son temps pour faire intensément monter la pression sonore, muscler une dynamique rythmique qui se veut déjà obsédante, portant le mélange sonore des Suisses jusqu'à ébullition. Jusqu'à l'éruption noisecore métallique expédiée dans les enceintes à la vitesse hautement soutenue du hardcore-punk. Pour un résultat qui exsude une douleur viscérale et corrosive, atomise littéralement les enceintes en les enterrant sous des kilotonnes d'une violence brute et sans concession. Le Hard suisse dans toute sa splendeur et un premier titre implacable. Quasiment sept minutes trente pour marquer son retour, le Roi revient sur son trône et va désormais mener la danse d'une main de fer.
Un premier choc thermique ouvrant la voie des possibles sur la suite, Cortez s'engouffre dans les brèches béantes qu'il a lui même initié et se paie une bonne tranche de gras avec un "Transhumance" sans concession. Une vitesse d'exécution marquante, une fulgurance assassine et cette capacité à retourner les tripes de l'auditeur ("Au delà des flots "). Une atmosphère viciée, des choix artistiques intelligents et cohérents (car le groupe ne fait jamais deux fois la même chose alors qu'il le pourrait aisément et ainsi emprunter le sillon d'une trop facile efficacité) Phoebus est un album qui peut s'écouter cent fois avec le même intérêt. Des myriades de petites finesses ayant été intelligemment disséminées sous des torrents de lave posthardcore/noise en fusion. Mais auparavant, Cortez pousse l'auditeur dans ses retranchements sensoriels ("Arrogants que nous sommes" et sa brutalité colossale), au bord d'une aliénation mentale ardemment désirée.
On a beau chercher voire insister : difficile de trouver un défaut dans l'imposante cuirasse de cet album à la production monstrueuse ("Un lendemain sans chaine..."). Un songwriting de fous furieux, une puissance de porcs en furie, Phoebus est une étourdissante entreprise de démolition sonore ("L'autre estime" et sa férocité barbare sans concession, "Idylle"). Certains envoient des parpaings : eux balancent des blocs de marbre dans le visage de l'auditeur ("Sulfure", "Nos souvenirs errants") et le font avec 3 classes de plus que leurs contemporains. Colossal.
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Chronique Compil : Cortez, We fucked up our lives - A tribute to Tantrum
Cortez / Chronique LP > Initial
Cortez... encore un groupe de post-hardcore aux effluves noise et flagrances métalliques qui voit le monde en noir. Et encore un groupe Suisse qui plus est (oui encore...) A croire qu'il se passe quelque chose de pas net du côté de ce petit pays, finalement pas si neutre que ça, du moins musicalement parlant. Parce que pour fournir autant de découvertes innovantes dans quelque style que ce soit, il doit au moins y avoir quelque chose dans l'eau que ces gens boivent... Chronique rétro donc avec ce disque sorti en 2005 et débarqué dans la tannière du W-Fenec trois ans plus tard et qui, après Art of Falling, Kehlvin, Kruger, Palmer, vient se rajouter à la longue liste de groupes helvétiques chargés de nous écorcher les membranes auditives.
Arwork raffiné, digipack classe, on met le disque dans le lecteur et on se prend 17 secondes d'agression sonore oppressante qui nous concasse les tympans. Après ce "Prompt" d'une rare et foudroyante brièveté (quand il s'agit de faire court, les Suisse ne font pas les choses à moitié), "Mine de rien", débarque avec pertes et fracas. Pur concentré de violence brute de décoffrage, de dissonances sauvages, de rythmiques syncopées et de hurlements déments, ce deuxième morceau met directement les choses au point. Screamo, post-hardcore, metal sulfurique, on passe tout ça dans dans le broyeur, on éclate deux ou trois cymbales et on écoute ce qu'il en ressort. Définitivement à ne pas mettre entre n'importe quelles mains. Vibrations dantesques, "Néant" nous laisse furtivement reprendre notre souffle avant de se lancer de nouveau à l'assaut des derniers instants de lucidité qu'il nous reste encore avant de sombrer dans la folie autodestructrice. Submergé par ces flots de rage qui se déversent encore et encore le temps d'un 'El Vetic" chauffé à blanc. Une douleur indicible, qui suinte par tous les pores de cet Initial qui n'en est finalement que l'indispensable exutoire. Une véritable éruption émotionnelle.
Auparavant Cortez nous a expliqué dans le détail "L'enjeu" de sa musique, les tenants et aboutissants de sa démarche artistique, dans un morceau fleuve au caractère épique et à l'intensité rare. Pierre angulaire de ce disque, il nous prend par la main, servant ainsi de guide dans cette oppressante, et néanmoins cathartique, traversée des Enfers qui nous attend au détour d'un riff purificateur. Après un "Marasme" bipolaire aux tendances presque post-émo-metal (les étiquettes, ça ne sert vraiment à rien...), c'est la noirceur désespérée, presque palpable, d'un "I.M.T.v" et la puissance dévastatrice du rouleau compresseur "Notice" qui dominent la fin de l'album. Un propos résolument nihiliste caractérisé par des riffs corrodants et un chant en permanence sur le fil du rasoir... lacérant les cordes vocales jusqu'au sang. Sans concession. Le groupe alterne les formats, passant d'un morceau de 7 minutes à un autre d'1 minute 30, de lentes progressions post-hardcore en brulôts fulgurants branchés sur 10 000 volts, Cortez impose le respect. Un disque de grande technicité, un son âpre et rugueux pour un (premier) album d'une rare maturité... presque un chef-d'oeuvre...