Ils avaient quasiment (et volontairement) disparu de nos radars depuis 2005 (à l'exception d'une participation à un split LP avec Plebeian Grandstand pour dépoussiérer leurs instruments) et pourtant, comme Unfold, ils sont revenus sur le devant de la scène sept ans après l'exceptionnel Initial pour pulvériser la scène européenne avec un nouvel album (le deuxième seulement) : Phoebus, sorti grâce à une association de plusieurs labels de pointe en matière de Hard qui tâche : Basement Apes Industries (General Lee, The Prestige), Get a Life! Records (When Icarus Falls), Lost Pilgrims (Rorcal) et Throatruiner Records (As We Draw, Birds In Row, Plebeian Grandstand...).
Et comme un pied de nez à son histoire, délivre d'entrée de jeu un "Temps morts" qui prend tout son temps pour faire intensément monter la pression sonore, muscler une dynamique rythmique qui se veut déjà obsédante, portant le mélange sonore des Suisses jusqu'à ébullition. Jusqu'à l'éruption noisecore métallique expédiée dans les enceintes à la vitesse hautement soutenue du hardcore-punk. Pour un résultat qui exsude une douleur viscérale et corrosive, atomise littéralement les enceintes en les enterrant sous des kilotonnes d'une violence brute et sans concession. Le Hard suisse dans toute sa splendeur et un premier titre implacable. Quasiment sept minutes trente pour marquer son retour, le Roi revient sur son trône et va désormais mener la danse d'une main de fer.
Un premier choc thermique ouvrant la voie des possibles sur la suite, Cortez s'engouffre dans les brèches béantes qu'il a lui même initié et se paie une bonne tranche de gras avec un "Transhumance" sans concession. Une vitesse d'exécution marquante, une fulgurance assassine et cette capacité à retourner les tripes de l'auditeur ("Au delà des flots "). Une atmosphère viciée, des choix artistiques intelligents et cohérents (car le groupe ne fait jamais deux fois la même chose alors qu'il le pourrait aisément et ainsi emprunter le sillon d'une trop facile efficacité) Phoebus est un album qui peut s'écouter cent fois avec le même intérêt. Des myriades de petites finesses ayant été intelligemment disséminées sous des torrents de lave posthardcore/noise en fusion. Mais auparavant, Cortez pousse l'auditeur dans ses retranchements sensoriels ("Arrogants que nous sommes" et sa brutalité colossale), au bord d'une aliénation mentale ardemment désirée.
On a beau chercher voire insister : difficile de trouver un défaut dans l'imposante cuirasse de cet album à la production monstrueuse ("Un lendemain sans chaine..."). Un songwriting de fous furieux, une puissance de porcs en furie, Phoebus est une étourdissante entreprise de démolition sonore ("L'autre estime" et sa férocité barbare sans concession, "Idylle"). Certains envoient des parpaings : eux balancent des blocs de marbre dans le visage de l'auditeur ("Sulfure", "Nos souvenirs errants") et le font avec 3 classes de plus que leurs contemporains. Colossal.
Phoebus: Bandcamp (897 hits)
[-] Re: Cortez - Phoebus
Terrier : Lille
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