RoadRage 2007 Comme chaque année à la rentrée des clases, RoadRunner sort quelques gros albums et un DVD avec les clips de ses artistes tournés lors des derniers mois... Alors que vaut ce RoadRage 2007 ? Comme d'habitude, je parlerais quasi exclusivement de l'aspect visuel et scénaristique, pour le son, les chroniques des disques sont là (ou pas) pour ça... Parmi les 34 clips (et oui, ça plaisante de moins en moins !), bon nombre sont dispensables et n'apportent aucune valeur ajoutée au titre qu'ils défendent, à croire que passer à la TV c'est comme passer à la radio, Dream Theater ("Constant motion") ou Hatebreed ("Defeatist") sont à ce niveau plus que décevants.
Voici mon classement perso avec une médaille d'or que j'accroche autour du cou de Black Label Society pour "Concrete jungle" et son énorme travail graphique pour mêler dessin animé et vidéo, la grande classe au niveau visuel. Médaille d'argent pour "Fear of a blank planet" de Porcupine Tree avec comme sujets traités l'omniprésence de la TV, les addictions, la violence ordinaire ou le mal être adolescent, le réalisateur Lasse Hoile nous emmène à l'intersection des cinémas de David Cronenberg et Gus Van Sant, bravo. Pour la médaille de bronze, petite hésitation mais finalement, je la décerne au "Sillyworld" de Stone Sour dont les petits effets sont bien placés et collent parfaitement aux textes, c'est une bonne idée et la première fois, on est bluffé, bien joué ! Ratent le podium de peu les Black Stone Cherry et leur "Lonely train", une image en noir et blanc avec du grain pour aboutir à un clip social, c'est osé. D'autres se sont également décarcassés pour trouver un truc à exploiter en quelques minutes : 05. Killswitch Engage ("Arms of sorrow") et un beau boulot sur les ralentis, DevilDriver ("Not all who wander are lost) et une post-production un peu psyché, Shadows Fall ("Redemption") jouent eux aussi sur le trafiquage d'images tout comme Black Label Society ("Blood is thicker than water"), enfin Nickelback propose une idée scénaristique sympathique ("Savin' me") et un hommage à ceux qui défendent la paix et s'attaquent aux discriminations ("If everyone cared").
D'autres groupes essayent mais ne réussissent pas forcément à bien exploiter ce qu'ils ont en tête comme Delain ("Frozen") et son scénario pas très clair, Stone Sour ("Through glass"), Killswitch Engage ("My curse"), Pain ("Zombie slam") avec une opération vieillissement de la population et une tendance hilarante à surjouer des yeux ou encore Daath ("Subterfuge") qui a tenté de faire un truc mais reste à savoir quoi exactement... Les autres ne se sont pas foulés, la seule idée résidant bien souvent dans le lieu où on voit le groupe jouer (Still Remains et Madina Lake sortent un peu du lot dans ce genre-là), la palme revenant à Trivium qui varie les ambiances avec une piscine ("Anthem (We are the fire)"), un hangar ("Entrance of the conflagration") ou une grande pièce vide (avec un mini scénario big brotherien) ("The rising"). Les Caliban sont eux sur un ring, Satyricon entouré de filles et de flammes et Sanctity uniquement de filles. On peut aussi faire moins cher avec un montage d'images live (Stone Sour et "Made of scars", Slipknot et "The blister exists") ou un montage tout court ("Aesthetics of hate" de Machine Head, "Hell & high water" de Black Stone Cherry). Enfin, sache que Cradle Of Filth ("Temptation") fait toujours du Cradle Of Filth, que Megadeth ("A tout le monde") batit de façon désespérante un pont entre le futur et les années 80 et qu'avec 3 Inches Of Blood ("The goatriders horde") on peut couper le son et l'image.
Au final, peu de groupes arrivent à profiter de leurs budgets pour donner une nouvelle dimension à leurs morceaux et c'est bien dommage car si on avait uniquement des clips de la qualité de ceux de Black Label Society ou Porcupine Tree, ce DVD serait une formidable invitation à découvrir les groupes RoadRunner, là, ça reste un produit peu cher pour contenter les fans des groupes du label.