Saw A peine sorti, Saw est déjà un film culte. Micro budget mais maximum de bénéfices, acteurs sympathiques (Danny Glover !), excellent scénario et bonne réflexion de fond ("Que sommes-nous prêts à faire pour rester en vie ?"), c'est un premier film qui accumule les récompenses et le bouche à oreille fonctionnent à merveille tant ceux qui l'ont vu sont restés sur le cul. Seuls points noirs : la bande annonce est à gerber et l'annonce du tournage d'un deuxième volet (sic)... Et dans cette aventure cinématographique, c'est RoadRunner qui a flairé le trés bon coup en s'occupant de sortir la Bande Originale. Le "score" (la musique du film) a été confiée à Charlie Clouser (ex-NIN) et le lascar s'en sort sacrément bien ! Il faut dire qu'il a été épaulé par Page Hamilton (Helmet) et Danny Lohner (NIN)... Si sur Resident evil, RoadRunner avait pris le parti de mettre la musique du film (de Marilyn Manson !) en fin de CD, ici, les ambiances créées par Clouser sont dévoilées dans l'ordre chronologique du film et entrecoupées des inévitables titres de groupes de l'écurie américaine (Fear Factory, IllDisposed et surtout deux compos explosives de Caliban) et quelques autres (Pitbull Daycare, Enemy et surtout les biens à leur place Psycho Pomps).
Ces titres trouvent leur place pour des raisons souvent plus commerciales qu'artistiques mais dans l'ensemble, ça passe... Je vais plutôt m'intéresser aux créations de Charlie Clouser qui nous font revivre plusieurs des meilleurs scènes du film à chaque nouvelle écoute... Ceux qui n'ont pas vu le film peuvent arrêter ici la lecture de la chronique, mieux vaut en savoir le moins possible avant de voir Saw. "Bonjour Adam", ce sacré magnétophone est un des éléments les plus excitants du film, c'est par lui que l'on comprend que nous n'avons pas compris... jouissif, la scène de découverte Adam / Lawrence par le biais de ces messages "codés" et enregistrés est d'une froideur aussi clinique que la décrépitude de la salle de bain "terrain de jeu"... L'image marquante du film sert de pochette au disque, le "piège à ours inversé", alors que nous savons que la junkie (que l'on retrouvera dans l'épisode 2) va s'en sortir, on est tenu en haleine par le montage ultra dynamique, la version accélérée et la musique qui elle aussi s'accélère, il n'est pas question de trop réfléchir si l'on veut survivre à ce petit jeu... Jouissif. Comment as-tu su pour la marque sur le mur ? Les cachoteries ("X marks the spot") que se font Adam et Lawrence sont très précieuses pour le rythme du film, tout comme leur complicité ("Cigarette")... Le temps passe et le puzzle n'est toujours pas terminé, le spectateur est alors entraîné dans une suite d'actions dont il semble très difficile de sortir et quand on en sort, le film est terminé. Il nous crucifie sur le siège. Charlie Clouser a su donner au film la musique qu'il méritait : lynchéenne, cardiaque, angoissante, remuante. Front Line Assembly n'aurait pas fait mieux...