Comity - You left us here Connus et désormais reconnus comme de fervents adeptes d'un hardcore destructuré et déviant aux relents death et grind, les Parisiens de Comity n'en sont pas moins les éminents spécialistes du "tout ou rien". D'un album "long-format" découpé (c'est carrément le mot) en quelques 99 pistes, ils passent ainsi à un EP de 17 minutes segmenté en... rien du tout. Un seul et unique morceau, condensé de haine salvatrice et de créativité douloureuse, intense et perclue d'accès de démence épidermique, on s'en doutait le groupe ne fait pas vraiment dans la dentelle. Screamo post-chaotique écorché vif, distorsion empreinte d'une inhumanité décadente et ersatz de mélodies agonisantes, Comity exhale un dégoût féroce pour ses semblables. Le propos est ici en partie nihiliste et s'inspire d'un roman de Philip José Farrer, oeuvre de science-fiction prenant pour cadre la renaissance de l'humanité en dressant d'étonnants parallèles entre la réalité et la fiction.
Post-hard-math-core, le groupe s'agrippe à ces étiquettes comme un loup enragé sur sa proie, avant de les faire voler en éclats, les broyant sans l'ombre d'un remord sous les coups de riffs brutaux et d'un chant guttural à souhait. You left us here se nourri de paradoxes, d'un côté on a cette violence exacerbée, indicible, caverneuse et saisissante, de l'autre une production très "light", parfaitement adaptée à un format rock bien moins sauvage sur le papier, et pourtant ici en phase avec le distillat sonore des franciliens. Un mariage presque contre-nature, loin d'effrayer un groupe qui ne s'arrête pas à de si basses considérations. Car Comity se plaît à expérimenter, laissant entrevoir quelques passages plus aériens entre le bruit et la fureur, lorsqu'il refrène un temps ses pulsions les plus animales avant de les laisser éclater à la face de l'auditeur. Une violence assourdissante, des éléments musicaux savamment orchestrés pour nous plonger dans univers fait de désolation, où tout espoir semble vain, cet EP ne fait pas dans la demi-mesure et nous laisse là au terme de ses 17 minutes de traitement de choc, dans un état semi-végétatif. Bestial et sans concession.