Coilguns - Stadia rods Quelques mois seulement après un remarquable et donc très remarqué split EP inaugural partagé avec Kunz (lui-aussi side-project de membres de The Ocean on le rappelle à toutes fins utiles), Coilguns passe l'étape suivante en remettant le couvert avec cette fois un EP tout seul comme un grand, avant d'enchaîner sur un album sans doute mais c'est déjà une autre histoire. Le résultat a pour titre Stadia rods et voit le jour en CD ultra limité "fait main" et LP vinyle 12'' par l'intermédiaire d'un petit label indé anglais : Dead Dead Dead Music (Integrity, Pariso). On cause ici DIY de qualité, on parle de musique où les artistes et les structures les accompagnant font tout eux et elles-mêmes, en bons artisans du hard qu'ils sont.

Question programme sonore : Coilguns répond dès les premiers instants en proposant quelque chose s'inscrivant dans la droite lignée de ce que l'on avait pu entendre sur le split avec Kunz. Soit un mélange de math-metal D-beat et de harcore-punk grindeux qui castagne, du gros son braillard ("Parkensine") qui sert de défouloir en même temps qu'il crame les enceintes avec fougue et une grosse envie de tout démolir sur son passage ("Zoetropist"). Et derrière tout ça, une maîtrise formelle qui assaisonne le bordel avec une précision diabolique. Du hard suisse donc oui, mais pas que parce que cette fois, les gaziers, derrière la frénésie mathcore crust métallique qu'on leur connaissait déjà dévoilent aussi un autre visage, plus calme dans la déflagration sonore mais pas réellement plus apaisé dans l'atmosphère, tortueuse. Avec un "In the limelights" aux développements instrumentaux post-doom, le groupe démontre qu'il a en fait plus d'une carte maîtresse dans son jeu et même si le domaine dans lequel il excelle avant tout reste le démembrement auditifs aussi viscéral qu'exaltant ("The shuftan process 1"), il mérite également l'attention lorsqu'il travaille à développer des atmosphères, une tension plus sourde et des contextes propices à l'élaboration d'une solution sonore qui ne se contente pas uniquement de faire fumer les enceintes ("The shuftan process 2").

En prime, les Coilguns délivrent avec "Witness the kern arc" un climax en forme de petite torpille métallique qui ravage les conduits, un condensé de violence éruptive doublée d'une véritable décharge de décibels cautérisant les tympans jusqu'à définitivement sceller leur Stadia rods en le coulant dans le béton. En attendant une suite forcément excitante. Hard.

PS: la bestiole est en écoute intégrale ci-dessous.