Code Orange Kids - Love is Love // Return to Dust Alors mon petit, tu as bobo à tes oreilles ? Viens donc voir par là, on va t'arranger ça avec un truc de kids qui va gentiment te passer les tympans de l'orange au rouge écarlate. Love is love // Return to dust que ça s'appelle et c'est le premier album des Code Orange Kids, pas vingt ans de moyenne d'âge et pourtant déjà hébergés chez le pilier du hardcore/crust/punk (Converge, Birds in Row, Deafheaven, Rise and Fall, Touché Amoré, Victims...) mais pas que. Soit un évident gage de qualité optimum. En clair, les gamins sont du genre surdoués et le font bruyamment savoir sur un premier LP qui tronçonne sévèrement les enceintes.

Dès que les kids engagent les hostilités, ça saigne. Sur un "Flowermouth (The leech)" bien cinglant qui met directement les compteurs de tension en surrégime comme sur la quasi intégralité des autres titres de l'album. Car ça y va gaiement pendant les quelques 2'25 d'une première décharge de haine particulièrement corrosive, foncièrement hardcore punk jusqu'au bout des riffs. Au micro ça aboie jusqu'à s'en vider les entrailles et derrière, derrière ça s'étripe furieusement jusqu'à ce que mort ou pas loin s'ensuive. "Around my neck // On my head", "Sleep (I've been sleeping)", autant de titres compacts, exhalant un désespoir brut de décoffrage mis en exergue par la production très crue de leur Senseï Kurt Ballou (Converge, Old Man Gloom, Trap Them) et des morceaux déjà très matures pour leur si jeune âge, les Kids de Pittsburg n'en finissent décidément plus de brûler les étapes et de carboniser des amplis à tous les étages.

Une violence expéditive, urgente, balancée en pleine gueule à 2000 à l'heure. Et même si quelques pistes dépassent la barre des 3 minutes (c'est assez souvent moins), les Code Orange Kids mettent tout ce qu'ils ont en eux sur ces compositions qui sentent le souffre, la rage animale et une puissance d'impact respirant la sauvagerie carnassière (le trivial mais bestial "Liars // Trudge", un "Nothing (The rate)" définitif dans sa conception de la violence sonore). Mais ils savent aussi changer de braquet pour taper dans quelque chose de plus insidieux mais pas moins viscéral, plus distordu, mais tout aussi abrasif ("Colors (iInto nothing)" et son emocore à la fois vibrant et incendiaire). Les titres passent, les plaies se cautérisent alors que les Américains concentrent leurs attaques là où la peau était encore intacte ("Roots are certain // Sky is empty").

Meurtri au plus profond de sa chair par les assauts incessants du jeune gang américain, l'auditeur ne peut réellement se reposer que quelques instants (soit en fait les 2'41 que durent le bien nommé "Calm breath") avant de se recevoir une fessée taille patron avec "Choices (Love is love)" puis un "Bloom (Return to dust)" terminal qui vient achever les dernières poches de résistance à l'artillerie lourde. Histoire de montrer que le talent et l'efficacité n'ont pas d'âge.