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Interview : Cocaine Piss, Interview sous cocaïne en pissant (sept. 2019)

Cocaine Piss / Chronique LP > Passionate and tragic

Cocaine Piss - Passionate and tragic Cela fait plusieurs années qu'on vous dit du bien de Cocaine Piss, quatuor de punk riche en saturations et en haute voltige formé en 2013 du côté de Liège, et l'un des fleurons avec AmenRa du label Hypertension Records. Toujours bien entouré, le gang a changé de bassiste début 2018 et a accueilli Farida Amadou (qui a notamment joué dans le trio M.A.N avec le batteur Steve Noble et le guitariste Thurston Moore qu'on ne présente plus) pour justifier (ou pas) d'une parité homme/femme. C'est logiquement cette dernière qui a posé sauvagement mais de manière maîtrisée ses lignes sur le deuxième album des Liégeois, Passionate and tragic, paru en avril dernier. Cette œuvre, qui a commencé à être dévoilée à travers l'expéditive "My cake" et l'intense "Pretty pissed" sur l'EP My cake sorti fin 2018, est de nouveau passée entre les mains de Steve Albini, qui s'était occupé du son de leur premier opus The dancer sorti il y a trois ans.

À peine "Sociopathic friend" démarre que le groupe tape déjà un hommage pas du tout attendu à Nirvana avec la reprise du pont de "Tourette's" utilisée comme base de composition. Fallait quand même oser la faire, surement une blague en clin d'œil au producteur du trio grunge qui lui n'hésite pas, soit dit en passant, à faire de la pub pour Cocaine Piss en portant fièrement leurs T-Shirts sur scène ou bien lors de tournois de poker. Notez d'ailleurs que le son de ce Passionate and tragic n'est pas très éloigné du travail réalisé sur In utero, probablement un élément que recherchait en priorité le groupe en venant à Chicago. Rien d'étonnant lorsqu'on connait l'obsession d'Albini à vouloir capturer les énergies brutes et folles de groupes indés. Car il s'agit bien de cela avec le cas Cocaine Piss, du punk hardcore DIY intense et fulgurant aux messages criés de la voix faussement casse-gueule de la très sémillante Aurélie Poppins.

Douze morceaux pour une vingtaine de minutes, ça va vite, très vite même, à tel point qu'on se demande si l'on a affaire à un album ou un EP longue version. Seul "Body euphoria" dépasse les 3 minutes et se permet quelques langueurs électriques mettant à l'honneur les complaintes de Miss Poppins. Laquelle s'essaie au français dans l'un des meilleurs titres de la galette à savoir "Eat the rich", un single beaucoup moins extravagant que le reste de l'album et qui a fait l'objet d'un clip dément réalisé par Laetitia Bica qu'on vous conseille de visionner. Passionate and tragic ne surprendra pas les aficionados du groupe mais reste une belle porte d'entrée dans l'univers de ce quatuor belge qui enquille les disques à vitesse grand V.

Publié dans le Mag #39

Cocaine Piss / Chronique LP > The dancer

Cocaine Piss - The dancer Après les alléchantes sorties successives en quelques centaines d'exemplaires des vinyles 3 titres Sex weirdos 7" et Cosmic bullshit 7" en 2016, on attendait pas moins que l'arrivée rapide d'un album bien fourni et explosif des Liégeois de Cocaine Piss. Mission réussie en fin d'année dernière avec The dancer, œuvre de 14 titres d'une durée de 22 minutes, ajoutée de quatre B-sides comptant l'intervention de compatriotes belges (dont Ghinzu et Mauro Pawlowski, l'ex-dEUS, Evil Superstars et Kiss My Jazz), déjà présentes sur les EP précités. Ben ouais ! C'est ça Cocaine Piss : pas le temps de souffler, ça joue vite, ça conclue vite, ça s'enchaine vite, bref, tu l'auras compris, on est plus proche de l'état d'esprit punk des Youth Of Today que des envies de morceaux contemplatifs à la Swans. Toutefois, le quatuor sait par moments contraster le propos en ralentissant les ardeurs rythmiques, non sans garder toutes tensions palpables intactes ("The dancer", "Average romance", et les titres bonus qui marquent une coupure avec les intentions speedo-frénétiques du groupe). Une tension comprise et reproduite sur disque par Sir Steve Albini et parfaitement captée par les micros et consoles de son Electrical Audio à Chicago.

Paradoxalement, ce qui fait le sel de Cocaine Piss, c'est cette voix féminine approximativement maîtrisée, moitié criarde, moitié scandée et baragouinée, avec un accent anglais parfois à couper au couteau. Bien que souvent sur le fil du rasoir, le chant monotone d'Aurélie Poppins, sorte de Riot Grrrl à la belge (à voir sur scène pour comprendre) obnubilée par le sexe, donne ce petit "plus" à cette recette déjà bien usée qui délivre du punk hardcore dans son plus bel apparat. Hypertension Records (AmenRa, Red Sparowes, Drums Are For Parades...), label de bon goût qui accompagne le groupe depuis ses débuts, s'est logiquement chargé de la sortie de ce premier album (même si sa durée tient de l'EP) remplit de bruits en tout genre sentant bon la "pisse de cocaïne". Tiens, à ce sujet, et pour terminer cette chronique, une interrogation : est-il osé de penser que le nom du quatuor est un atout pour se faire connaître davantage ?