Coalesce - Ox 14 titres découpés en quelques 99 pistes, non ce n'est pas un album de grind qui pousserait son concept jusqu'à la limite de la déraison mais la version promo "made by Relapse" du nouvel album de Coalesce. Si on peut comprendre ce qui pousse le label à aller vers cette démarche, afin d'empêcher quelques journalistes opportunistes de se faire mousser en balançant un leak de l'album sur la toile deux mois avant la sortie, il faut bien admettre que l'on pourrait trouver un peu mieux comme parade, ou alors comprendre enfin que 99% des fuites que l'on trouve sur le net ne viennent certainement pas des médias... A bon entendeur.
Mais une fois passées ces considérations un peu futiles, la découverte de ce Coalesce en mode 3 ou 4.0 surprend nous met dans un drôle état d'excitation. On oublie les gros coups de masse qu'on prenait en pleine face avec les précédents efforts du groupe, Ox est un disque rock. Bon certes, bien dopé au hardcore qui castagne et mené de bout en bout d'une main de fer, mais bien rock quand même, au moins dans l'esprit. Car si le groupe balance toujours en frontal, il semble avoir pris de l'âge et muri avec le temps. La preuve dans les faits avec les trois premiers titres. Dérivations rythmiques, pulsions hardcore, riffing rock sauvage et puissamment addictif, un Sean Ingram au sommet de sa forme, "The plot against my love", "The comedian in question" puis "Wild ox moan" crament les enceintes mais le font en s'écartant systématiquement des motifs HxC vus et revus chez bon nombre de contemporains. En cela, Coalesce démontre qu'il est toujours capable de se distinguer, bruyamment certes, mais en évitant soigneusement le cliché du gros parpaing métallique primaire.
Car Ox n'est pas que cela, c'est également un disque aux compos brûlantes et saccadées, munies de riffs compresseurs, de groove hardcore bluesy et de machine gun rythmiques qui arrosent les enceintes avec une froide efficacité. Un aboyeur au micro, des zikos qui font le métier avec classe et maîtrise, rien à redire, la mécanique est parfaitement huilée mais au-delà de ça, il y a un vrai travail d'écriture derrière. Agressif, burné et versatile ("The villain won't deny", "In my wake for my own".), l'album se distingue de la masse des hardcoreux basiques par un travail sur les rythmiques et les structures, lesquelles, sans être révolutionnaires, font la signature d'un groupe qui n'a rien à prouver mais profite de sa liberté pour se lâcher encore plus. Puissant et inventif, Coalesce met de sacrées bûches dans les tympans de l'auditeur et tranche dans le gras en vrillant les constructions de ses morceaux. Un anticonformisme formel qui sait pourtant garder l'inconditionnel de hardcore plus basique sous sa coupe. Quelques interludes mélodiques pour aérer l'ensemble, une production très brute de décoffrage mise au service d'un album à la fois viscéral et corrosif, un résultat groovy et complètement en phase avec l'intégrité artistique d'un groupe qui frappe ici très fort... Une tuerie absolue.