Un EP, un split et un album, voilà tout ce qu'on a raté de Clegane puisqu'on les découvre uniquement avec White of the eye, mais il n'est jamais trop tard pour découvrir de bons groupes (et je jette un œil par-dessus son épaule pour trouver un fan de Stranger things qui s'est amouraché de MetallicA cet été). Si pour toi, comme pour moi avant d'écouter l'album, Clegane rallume les souvenirs de Game of Thrones, le limier est une des brutes des plus attachantes de la "pop culture", sa relation avec Arya ou avec son frère Gregor ont marqué les esprits et les adjectifs qui lui correspondent peuvent bien entendu se coller sur la peau du groupe : massif, musculeux, terre à terre, sensible sous la carapace, lent et puissant. Et si on devait mettre de la musique pour accompagner une présentation du personnage, on pourrait tout à fait mettre un titre de doom qui se construit doucement avant de tout écraser sur son passage. Excellent nom pour ce groupe car il est très évocateur et "sonne" quand bien même on ne connaîtrait pas Sandor.
Brut, rugueux, saturé, hurlé et contenant quelques épisodes clairs, passée la référence évidente à Cathedral, on arrive à se plonger dans leurs longs morceaux et à apprécier leur capacité à varier les idées (ce long passage "calme" au début de "Cara muerte") comme à amalgamer des sons sourds à d'autres plus aériens (c'est aussi le boulot du responsable de la production, ici Andrew Guillotin dont on connaît la qualité du travail avec The Arrs, As They Burn, Tigerleech...), le mariage est particulièrement réussi même quand le groupe va chercher les extrêmes au sein du même morceau ("White of the eye"). Le chant lumineux donne parfois un petit goût psychédélique qui me ramène à Mars Red Sky quand les guitares se font plus stoner/rock ("Water & stone"). Une fois que le vernis et la première impression se sont craquelés, on profite de toute la délicatesse de Clegane (cette ligne mélodique qui guide "Healed in vain" !) parce que ce n'est pas qu'un monstre froid qui avance sans se soucier de sa route, c'est aussi un petit cœur qui bat et qui saigne.
Publié dans le Mag #52