Chimaira - The Age of Hell Ce qu'il y a de bien avec Chimaira, c'est qu'on n'est jamais surpris. Dit comme ça, cela peut paraître bizarre mais en ces temps de douloureuse incertitude dans l'industrie du disque, l'assurance qualité chez un "gros" groupe, ça s'apprécie à sa juste valeur. Là où l'on ne compte plus les énormes machines qui accouchent d'albums frisant le ridicule artistique, Chimaira fait partie de ces collectifs métalliques qui ont un cahier des charges extrêmement précis et qui s'y tiennent à la virgule près. Pour la prise de risques inconsidérés, on repassera, il est ici question d'en avoir pour son argent. Et à ce jeu-là, les ricains ne sont jamais les derniers pour rafler la mise.

The Age of Hell donc. Déjà tout est dans le titre, accrocheur et assez symptomatique de ce qui va nous arriver dans la figure. Soit du bon gros metal (avec des petits trucs en "-core" dedans) et qui démontent une épaule bien comme il faut. Quelques plans mélodiques, de grosses sessions de pilonage qui "a-mosh-ent" les tympans, le bulldozer Chimaira rentre parfaitement dans son sujet avec le morceau-titre de l'album. On voulait du metal qui fasse parler la poudre. On va en avoir. Et le groupe de poursuivre son entreprise de démolition auditive avec un "Clockwork", que l'on aurait aimé plus compact et salvateur, mais quand même efficace, (à noter tout de même le passage ambient en plein les milieu qui rompt plutôt très bien avec le catapultage habituel de parpaings sur l'assistance) et les tampons métalliques que constituent les "Time is running out" et autres "Year of the snake".

Evidemment, le gros bémol de l'album et d'ailleurs de quantité de formations ferraillant dans ce registre musical, guerrier et adepte du choc frontal, c'est que quand c'est bien fait (comme ici), ça défoule et même un peu plus... mais c'est souvent (toujours ?) un peu redondant sur la durée entière d'un long-play. Ici, on a droit à douze titres (normal) et au bout de six/sept titres, on commence à en avoir plein la panse (normal aussi ?). Du coup, on passe un peu plus vite sur les titres les plus dispensables pour se re-concentrer sur les torpilles metal hardcore les plus thrashisantes ("Born in blood", "Trigger finger") quitte à délaisser les "Beyond the grave" et autres "Powerless" assez convenus. Sur la durée, Chimaira a donc du mal à se renouveller et proposer quelque chose d'autre que sa carte de menu, un peu légère vu le potentiel du groupe et c'est dans cette "logique" que les deux derniers titres de l'album ("Scapegoat" et "Samsara") faisant office de dessert, semblent être là pour le remplissage. Solide et efficace donc mais avec des réserves quand même. Peut/doit assurément mieux faire.