Checkmate - Immanence Alors celui-là, on pourra dire qu'il se sera fait attendre. Comme chacun sait, plus c'est long... donc fatalement avec Checkmate, la patience est recompensée au centuple dès l'inaugural "Days by slip" qui défouraille tout ce qu'il rencontre sur son chemin. Intro' classique puis lente montée en pression, on sent l'explosion imminente et lorsque celle-ci survient finalement, les frenchies envoient méchamment la purée. Du metal groovy et surpuissant d'une efficacité fracassante avec des mélodies redoutables, on en a vu d'autres oui, mais des comme ceux-là... pas tant que ça. Parce que ce que fait le groupe, cela reste assez normalisé sur la scène métallique, sauf que le niveau atteint est ici largement supérieur à la moyenne. Technicité au poil de c..., niveau de cohérence artistique plus qu'irréprochable, intensité à l'avenant et puissance de feu perforante. Si tu n'headbangues pas avec ça, laisse-tomber tu es déjà mort.

Surtout que la suite est sensiblement du même tonneau, lâchant quelques ogives du calibre d'un "Fake golden kingdom" sulfurique, de l'imposant "Invictus" ou du foudroyant "I.MA". Checkmate a pris option démolition et distribue les parpaings comme d'autres enfilent les perles : un petit interlude instrumental et raffiné pour se changer les idées ("Moving backwards...") et voici que l'on repart au turbin avec un "... Despite the years" qui ne met que quelques instants avant de passer en mode tronçonneuse moissonnant sévèrement les conduits auditifs. Chaque coup de boutoir sonore semble avoir été pensé en amont, la stratégie est minutieusement calculée et les frenchies envoient un gros "Roque" tabasser les enceintes bien comme il faut, quand il ne se plaît pas à ironiser sur son propos créatif ("Blank page") pour mieux enfoncer/défoncer les cloisons auditives.

On a beau chercher, difficile de déceler quelques défauts (être français et donc ne pas vivre dans le bon pays pour exploser ?) dans la cuirasse d'un groupe qui aura pris son temps pour lâcher la bête Immanence - merci la Klonosphere qui a quand même de temps à autres sacrément le nez creux (Jenx, Hyperdump, Nojia...) - en limitant le risque d'échec au maximum. Quelques "Fragments" métalliques à l'intensité émotionnelle remarquables en rajoutent une grosse couche, qu'"A maze" va se complaire à bruyamment étaler et tartiner sur la platine. Metal groovy dopé à l'énergie brute et à la testostérone en I.V, mais pas que (merci les crescendo narratifs particulièrement bien amenés), Immanence est de ces albums qui de temps en temps, viennent déboîter la scène francophone que l'on juge parfois un peu meilleure qu'elle ne l'est réellement. Là en même temps, le groupe démontre intelligemment pourquoi et nous balance donc notre ironie en pleine face : "By any means necessary" (énorme). Tout est dit ?

Echec et mat. Fessée métallique en prime. Là c'est dit.