Checkmate - Immanence Sur un jeu d'échec, vous seriez quelle pièce ?
Nous serions l'échiquier. A chacun de s'approprier Checkmate et d'y mettre ses pions comme il l'entend !

Vous avez eu la bonne idée de quitter vos typos très "métal", ça a été un choix facile de prendre une police assez neutre ?
Cela a été un choix très simple car il collait à l'évolution musicale du groupe. Nous ne dirions pas qu'il est "neutre" mais plutôt "sobre" ou "épuré" comme le sont notre musique et notre visuel.

Vous avez aussi arrêté d'écrire en français, pour quelles raisons ?
Pour faciliter le processus d'écriture. Le français est une langue que nous adorons, mais c'est aussi une langue très exigeante et pointue, cela nous contraignait trop. Nous n'avions plus la fluidité et la musicalité que possède l'anglais et que nous recherchions sur l'album.

Avec un titre comme "Immanence", vous n'avez pas peur de faire peur à ceux qui ne connaîtraient pas ce concept ?
C'est un concept philosophique qui, pris comme ça, peut faire peur en effet. C'est une définition qui implique un déterminisme et plus globalement, une détermination. Il faut surtout y voir une métaphore : qu'est-ce qui nous motive ? Qu'est-ce qui nous fait vibrer et nous définit ? Qu'est-ce que l'on a au plus profond de soi et qui donne du sens à notre vie ? C'est une question extrêmement difficile et personnelle, mais qui en même temps a une réelle universalité car elle concerne tout le monde. Le but est que chacun trouve sa propre réponse et voit dans Immanence ce qu'il a envie de voir.

Vous refusez les étiquettes, ok, mais de quels groupes vous sentez-vous proches musicalement ?
Nous sommes, pour la plupart, de gros fans de Lamb Of God, Gojira, Machine Head ou Opeth. Il est possible qu'un peu de ces groupes se ressente dans notre musique. Et bien entendu, cette liste est très loin d'être exhaustive.

Pourquoi avoir choisi Guyom Pavesi pour produire l'album ?
Nous avons choisi Guyom car c'est un ami et qu'il est talentueux. Le fait qu'on soit très proche de lui était important pour nous, car nous avions envie de travailler avec quelqu'un qui nous connaissait, qui comprenait notre démarche musicale et avec qui il serait facile d'échanger. Il a fait un très gros travail de production, nous a poussé au-dela de nos limites et a mixé cet album comme nous l'entendions. Seules les guitares ont été enregistrées par Lucas D'angelo (Betraying The Martyrs) qui est aussi un ami et le mastering a été fait outre-Atlantique par l'incontournable Alan Douches (Mastodon, The Dillinger Escape Plan).

De manière générale, vous faites confiance aux amis (production, artwork), sur quels points c'est important ?
Comme mentionné juste avant, cela nous a quelque part "rassuré" de travailler avec des gens que l'on connaissait. Guyom pour la production et Alex Diaz (Spaniard Studio - The Prestige) sont tous deux des personnes très proches et avec qui l'échange est vraiment facile. Ils nous connaissaient parfaitement et avaient toutes les clés en main pour donner vie au projet de la manière dont nous le souhaitions (même si ça n'est pas toujours évident bien sûr). Il s'agit là de notre premier album, et nous avions à coeur de faire les choses en étant sûrs qu'elles seraient conformes à nos attentes.

Checkmate (par Raphael Bobillot - Lifebypix) Checkmate (par Raphael Bobillot - Lifebypix) Vous avez eu le choix pour le label ou la crise est telle que le choix se fait plus "par défaut" ?
La signature chez Klonosphere n'est pas un choix par défaut ! Nous sommes très fiers de travailler avec cette équipe, car ils font un boulot remarquable. Ils ont senti que le projet était intéressant et nous remercions au passage, encore une fois, Guillaume pour sa confiance.

Comment avez-vous connu le poème "Invictus" de William Ernest Henley ? Le processus de création du titre a été similaire aux autres ?
Le lien avec le film de Clint Eastwood est souvent fait mais, très honnêtement, nous avons connu ce poème d'une toute autre façon et notre titre ne fait pas référence au film. Ce texte a une telle force et une telle volonté d'accomplissement de soi, que nous avons tout de suite eu l'envie de le mettre en musique. Quant au processus d'écriture, ça n'a pas bouleversé quoi que ce soit : texte et musique se sont liés rapidement.

C'est le titre qui a été choisi pour être "clipé", pourquoi ce choix ? Vos titres 100% personnels n'étaient pas assez forts ?
Non, tous nos textes sont forts en idées et en contenu. Mais le titre Invictus, par sa composition et son texte, nous semblait être le plus à même d'être mis en image. Nous saluons d'ailleurs Hawthorne Entertainment pour la fabuleuse réalisation qu'ils ont fait sur ce clip.

Le clip est assez "esthétique", il a plus de 10.000 vues en moins d'un mois, il y a des retours "concrets" sur cet investissement ?
Tout dépend ce que l'on entend par "concret". Ce qui est sûr c'est qu'effectivement nous avons de plus en plus de monde qui nous soutient. Nous avons surtout hâte d'aller à la rencontre de notre public et cela passe par le live !

Le texte de "A maze" peut être pris comme une réflexion sur le parcours de chacun mais aussi au 1er degré en pensant aux migrants qui tentent de traverser la Méditerranée, votre pensée est davantage métaphysique ou politique ?
Nous n'avons pas la volonté de faire un discours politique. Cela impliquerait que nous soyons tous du même avis, ce qui n'est pas forcément le cas. Nous avons plutôt une approche de questionnement, mais si certains veulent y voir un message politique, alors libre à eux de le faire ! Comme nous le répétons, Immanence est un album qu'il faut s'approprier. Il pose des questions qui peuvent s'appliquer à des domaines aussi vastes que variés et qui peuvent nous permettre de trouver des réponses là où on en cherche.

Aujourd'hui, c'était le bac philo, alors la musique n'est-elle qu'un outil ?
Cela va au-delà de la musique, il s'agit de la notion d'art. Est-il un outil ou une fin en soi ? La création se suffit-elle à elle-même ou bien est-ce un moyen ? On oppose souvent l'immanence (ce qui est en soi) à la transcendance (ce qui nous dépasse, comme Dieu par exemple), mais Dieu n'est-il pas en celui qui le veut ? Finalement, la transcendance n'est-elle pas aussi une immanence ? Fallait pas nous lancer sur le sujet...

La Klonosphere a quelques touches à l'étranger, c'est quelque chose qui vous branche ou la France est la priorité pour le moment ?
L'étranger nous connaissons déjà un peu car nous avons eu l'occasion de faire une tournée européenne (Suisse, Allemagne, Autriche, Hongrie, Espagne) et une tournée sur la côté Nord-Est américaine, mais il est certain que la grande majorité de notre public se trouve dans l'hexagone. Quoi qu'il en soit, il n'y a pas de priorité particulière, nous irons jouer là où on voudra bien de nous, peu importe l'endroit !

Merci !
Encore merci à toi pour cette interview et aux lecteurs de W-Fenec ! A très bientôt.