Celeste - Morte(s) née(s) Celeste : de l'abîme vers le Chaos. Qu'on se le dise, chaque album des Lyonnais est un pas de plus fait vers l'indicible, la désolation métallique absolue, sublimée, magnifiée par ce corrosif cocktail post-black hardcore dont ils se sont faits, depuis plusieurs opus déjà, les incontestables apôtres. A l'occasion de Morte(s) née(s), disque au titre évocateur, le groupe fait ce qu'il sait faire de mieux en matière de démembrement auditif, sauf qu'il va loin, beaucoup plus loin encore qu'il n'était encore jamais allé.
"Ces belles de rêves aux verres embués", "Les mains brisées comme leurs souvenirs", deux titres qui suintent une haine féroce de l'humanité par tous les pores de ses riffs, une sauvagerie sans nom drapée d'un nihilisme sanguinaire que le groupe met à l'épreuve (de force) le temps d'un morceaux à l'efficacité diabolique, marqué par une rythmique cannibale qui cautérise tout sur son passage et une énergie punk hardcore incomparable. Celeste rêve de sauvagerie et avec lui nous entraîne dans ses cauchemars, véritables tortures sensorielles qui trouvent un premier climax dans "Il y a bien des porcs que ça ferait bander de t'étouffer". A la limite de l'insoutenable tant le groupe va loin dans l'extrême, emportant avec lui les stigmates d'un post-black metal arrosé d'acide hardcore.
Et quand il n'y en a plus, il y en a encore, en mode garçons bouchers, les Celeste empilent les parpaings en faisant passer des groupes comme Daughters, Plebeian Grandstand ou Time to Burn pour des petits joueurs en matière de concassage de conduits auditifs ("En troupeau des louves en trompe l'oeil des agneaux"). Car ici, plus encore qu'à l'ordinaire le Lyonnais ne cogne pas, il anesthésie. Le groupe matraque des corps sans vie, s'acharne sur les dépouilles éviscérées de ses victimes, sature l'atmosphère de toutes ses forces et se laisse emporter par sa barbarie sonore. Sans concession ("s", "Un miroir pur qui te rend misérable"), décadent comme jamais, il accouche ici dans une douleur innommable de son chef-d'oeuvre ("De sorte que plus jamais un instant ne soit magique "). Jusque-boutiste et implacable par sa bestialité. Fatalement, le verdict est lapidaire : Celeste, on sait quand ça commence, pas trop quand ça s'arrête. et de toutes les façons, à la fin, quand le silence revient, presque effrayant en soit, on ne sent plus rien tellement on en a pris plein la gueule. Avec Morte(s) née(s), le Hard hexagonal a sans doute trouvé son nouveau maître.