Celeste - Nihiliste(s) Si le nom du groupe peut nous renvoyer des images idylliques, douces et cotonneuses, la musique de Celeste met rapidement les choses au clair. On s'attendait à quelque chose de délicat, d'atmosphérique, on oublie... Les lyonnais déballent le matos et tout rentre dans l'ordre : glauque, poisseux et brutal, Nihiliste(s) se pose comme le crossover idéal entre Unfold et Time to Burn. Autant dire que ça démonte sévèrement. De "On prendra les femmes et les enfants en premier" à "Comme s'il suffisait de lever le doigt pour refaire" en passant par l'éloquent "De sévices en amitié", Celeste met le doigt là où ça fait mal et, appréciant l'effet produit chez sa victime, l'enfonce dans la chair, un sourire sadique aux lèvres. Car les lyonnais sont passés maîtres dans l'art délicat de faire mal en faisant du bien et pour ça, il faut éviter la démonstration technique pour aller à l'essentiel. Abrupt mais subtil, puissant mais maîtrisé, sobre et tellurique, le groupe prend son temps, rythmique qui compresse les vertèbres, guitares qui font monter la pression en sursaturant le tout avant que les hurlements ne déchirent l'atmosphère, disloquant le tout à coups de hache. S'il y a des albums qui portent parfaitement leur titre, Nihiliste(s est de ceux-là et si le groupe n'aime ni rien, ni personne, ça ne l'empêche aucunement d'exhaler une haine sourde et brutale dans des accès de rage plombés par des riffs titanesques et un chant screamo à fleur de peau.
Dissonances qui prennent à la gorge, enclume métallique qui s'abat sur nos tympans pourtant habitués à de tels traitements de choc (Breach, Coalesce, Nostromo et Plebeian Grandstand en tête...), matraquage sauvage, Celeste a trempé ses compos dans des vasques d'acide sulfurique avant de nous les envoyer en plein visage ("Au feu le savoir"). Un propos, lucide, froid et glaçant ("Mais encore faut-il pouvoir renier tout un programme" aux résurgences politiques), cynique ("Comme s'il suffisait de lever le doigt pour refaire"), des textes crûs kärcherisant les enceintes au milieu du tumulte musical, ce typhon métallique qui rase tout sur son passage et ne laisse aucun espoir aux rescapés. L'horizon s'assombrit, le groupe enfonce son album dans les ténèbres, développant des atmosphères poisseuses, calcinant les enceintes un peu plus à chaque morceaux toujours plus enclins à une férocité qui tranche directement dans le gras... Suffocant. Une cohérence qui nous plonge dans les abîmes du chaos, des transitions aux abonnées absente et les titres qui s'enchaînent les uns aux autres, ne formant plus qu'un seul amas de gravas métalliques à nul autre pareil, un bloc monolithique que rien ne peut ébrécher. Oppressant, le groupe ne s'arrêtera plus avant d'avoir achever son oeuvre. Fossoyeur des dernières onces d'espoir qui pouvaient illuminer notre futur, catalyseur de violence pure, le groupe va parfois trop loin ("A jamais dénudée" est limite...), Celeste passe et l'herbe ne repoussera plus. Un screamo/post-HxC noisy implacable et sans concession. La terre vient de brûler, nos tympans avec...