Cavalera Conspiracy - Blunt force trauma Inflikted, premier album de la tribe Cavalera Conspiracy l'avait clairement démontré : le nouveau projet des frangins n'est pas un Soulfly-bis. Blunt force trauma, deuxième plaque des américano-brésiliens est un condensé de ce que ces mecs-là savent faire de mieux. Soit du bon gros thrash metal bien viril qui dépouille, sorte de mix ultra-efficace entre un Sepultura, Slayer et The Haunted qui savate les enceintes comme attendu. Et dès "Warlord", on comprend que, même si les âmes chagrines peuvent baver sur le groupe, les Cavalera Bros pilotent l'engin avec un sens aigu du bon vieux riff qui fait mâl(e) aux cheveux, du pilonnage systématique qui écartèle les conduits auditifs et de la grosse production, signée Logan Mader (Machine Head), qui atomise les enceintes. En clair, ça joue vite, ça joue (très) fort et fatalement, ça fait du bien par où ça passe ("Torture").

Evidemment, dans ce registre, Blunt force trauma souffre d'un manque d'innovation certain : on sait ce qu'on va se prendre dans les tympans et c'est d'ailleurs pour ça qu'on y va. De ce point de vue, (cf : "Lynch mob" ou le morceau-titre de l'album), Cavalera Conspiracy est prévisible mais c'est quelque part aussi le point fort du groupe. Car pour être attendu au tournant comme cela, devoir oeuvrer dans un registre aussi balisé et pourtant cartonner les amplis à l'instar des bombes à fragmentations que sont le sauvage et vénéneux "Killing inside" ou le brutal "Thrasher", c'est certainement moins évident qu'il n'y paraît. D'autant que dans le genre, le groupe fait ça bien mieux que nombre de ses contemporains. Surtout que rayon efficacité, on l'a dit, on le redit, ça butine sévère, les frangins et leurs acolytes livrant entre autres petites friandises sonores un "Target" un peu plus rock'n'roll qu'attendu ou un "Burn waco" complètement étincelant de maîtrise formelle.

On l'aura compris sans effort, ce deuxième album de Cavalera Conspiracy, c'est du... Cavalera Conspiracy pur jus, soit ni plus ni moins que la séquelle logique du premier effort de la bande, un zeste de puissance/brutalité/vitesse d'exécution de plus histoire d'aller un peu plus loin et de frapper un peu plus fort. Mais pas que. Sur Blunt force trauma, le groupe semble bien mieux maîtriser son écriture, ne parlons pas de l'interprétation des titres qui, vu le passif des ouvriers, est forcément irréprochable, Max Cavalera étant au passage dans une forme olympique. Pour le reste, l'album est un condensé de férocité barbare et de décibels joyeusement éparpillés aux quatre coins du studio. Et puis, qu'attendre de titres comme "Genghis Khan" et ses riffs qui dévorent la partition ou "Rasputin", tout en furie métallique exacerbée, de la part d'un tel groupe sinon des baffes monumentales ? Frénétiques et corrosives, fracassant les instruments comme pas deux... Tueries logiques pour un groupe qui rempli ici allègrement son contrat. On n'en attendait pas moins vu le calibre des gaziers. Un blockbuster efficace en sommes.