The Canyon Observer double la mise ! Avec deux fois plus de titres mais pas deux fois plus de temps, les Slovènes ont travaillé un album complet et pas une succession de longues plages, certains morceaux servent à joindre des pistes (comment passer de "Mirrors" à "Entities" où les sons et les ambiances sont assez différentes ?) ou à se défouler ("Fracture"). En gardant sa ligne de conduite "post hard core extrême" le combo s'offre des expérimentations dans les sonorités à la limite du sludge voire du drone ("Neon ooze"), explose les saturations, place des samples et des larsens intrigants et se permet même de nous mettre mal à l'aise avec des parties claires et dépouillées ("Abstract" qui se transforme évidemment en brûlot black metal par la suite). Le quintet repousse ses frontières et organise son apocalypse sans sourciller parce qu'après une trentaine de minutes dans leur monde en lambeaux, le coup de grâce est porté, "Circulation" ne répond à aucune architecture classique (ou alors à un truc post-rock) et comme nos oreilles, on est déchiré entre la relative douceur des nappes et les écorchures qui se forment sur notre épiderme. The Canyon Observer chamboule l'ordre établi pour instaurer un chaos qui paraît par moment salvateur. Dingue.
Publié dans le Mag #34