Callisto

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Assez précoces, les finnois de Callisto n'ont même pas 20 ans lorsqu'ils signent chez Fullsteam Records (Gogol Bordello) après avoir sorti une première démo intitulée Dying desire (2001). En 2002 le groupe sort via leur label un EP baptisé Ordeal of the century avant de paufiner True nature unfold qui permet au groupe de se faire connaître un peu au-delà de ses frontières puisque le disque, initialement sorti en 2004 se voit réédité l'année suivante par Earache Records (Cult of Luna). Deux ans plus tard, Callisto livre son deuxième album studio avec Noir (toujours via Fullsteam Records et après l'avoir distribué un peu partout en Europe au cours de l'année 2007, le groupe prépare son troisième opus dès l'année suivante et se voit retenu pour participer à la compilation Falling down (avec Aside from a Day, Kylesa, Pelican, Dirge et Kehlvin notamment).

Callisto / Chronique LP > Providence

Callisto - Providence On avait découvert Callisto au travers d'une mer tempétueuse sur True nature unfolds, un an plus tard, on avait affronté les 40ème rugissants de Noir, un deuxième effort repoussant les limites d'un postcore sombre et tellurique, dompté par une intensité émotionnelle tantôt lumineuse, tantôt plus ombrageuse, toujours de grande classe. Quelques trois années plus tard, voici que le groupe revient avec Providence. Et ce troisième album signé Callisto, on ne pouvait que l'attendre de pied ferme, non sans une certaine impatience susceptible d'obscurcir quelque peu notre jugement. Si quelques signes avant-coureurs auraient pu légitimement nous alerter, il n'en fut rien (ou si peu) et la surprise n'en est que plus... édifiante. On avait entendu parler d'un changement de chanteur, d'un léger virage artistique, en espérant que ce nouvel effort atteindrait, sinon dépasserait la virtuosité de son prédécesseur. Et là, c'est le choc.
Exit le postcore tranchant des premiers albums, la nouvelle cuvée des finnois est plus orientée metal mélodique que (post)-hardcore, ce même s'il subsiste quelques éclairs de rage brute typiquement HxC. En soit, ce n'est pas forcément une déception, la gène réside plus dans le chant, qui lorsqu'il tend à s'éclaircir s'abandonne aux clichés d'un metal grandiloquent et parfois franchement poussif. Concrètement, si on ne remettra pas en cause la qualité des instrumentations d'un groupe qui sait toujours écrire des partitions haute volée, le chant clair pose régulièrement problème ("Rule the blood"). Et pourtant, lorsqu'il gagne en intensité, qu'il se laisse tourmenter par les fantômes qui le hantent, Callisto est encore capable de nous subjuguer. Mais le groupe a voulu changer, ce que l'on ne pourra objectivement pas leur reprocher, pour éviter de s'enfermer dans ses propres codes musicaux et ne pas refaire ce qui a déjà été écrit par le passé. Si ses intentions sont dans l'absolu, louables, le rendu final ne peut nous empêcher d'être parcouru par un frisson de mélancolie. Un frémissement nostalgique qui trouve son origine dans l'envie de retrouver la puissance métallique de Noir.
De fait, Providence est un disque qui divise. S'il n'est pas mauvais en soit, il est clairement décevant. Non pas à cause du virage emprunté par le groupe mais par le résultat qui en découle. Car si le groupe a allégé son propos, arrondis les contours de sa musique, il n'en exploite assurément pas tout le potentiel, et si on se découvre de nouvelles exigences, c'est aussi parce que l'on sait pertinemment qu'après leur album précédent, les finnois ne parviennent pas à se dépasser. A croire que la griffe d'un nouveau vocaliste n'a pas encore bien pris, Callisto luttant parfois avec ses penchants instinctifs pour aller vers quelque chose qui se révèle un peu contre-nature. Et malgré un songwriting toujours ciselé, la magie n'opère que trop peu souvent...

Callisto / Chronique LP > Noir

Callisto - Noir Au rayon postcore, Callisto aurait pu être un simple groupe de plus. Enième formation scandinave oeuvrant avec passion dans des sillons musicaux déjà abondamment empruntés par nombre de leurs congénères venus du froid, le combo finnois aurait pu se contenter de grandir tranquillement dans l'ombre des Cult of Luna ou à travers le prisme d'une scène nord-américaine (Isis, Pelica, Rosetta) qui ne manque pas de stimuler la concurrence originaire du vieux continent (Art of Falling, Dirge, Kehlvin, Rorcal, General Lee). Certes, mais Callisto a décidé de s'imposer en développant un postcore qui ouvre son spectre musical au rock indé, au mouvement progressif... et même au jazz. Et dès "Wormwood", l'orfèvrerie musicale orchestrée par les finnois se met en place avec une précision qui confine au chef-d'oeuvre.

Guitares massives, arpèges cathartiques, une noirceur palpable et aérienne qui transporte son auditeur dans un sanctuaire émotionnel où le saxophone vient distiller ses accents jazzy pour nous extraire quelques instants du magma postcore dans lequel les Callisto nous ont plongé. Une élégance rare, un raffinement de tous les instants que ne supposait pas nécessairement le style, parfois monolithique de bon nombre de contemporains des auteurs de Noir. Des envolés stratosphériques que ne renieraient pas les post-rockeurs d'Explosions in the Sky, des mélodies intemporelles et chatoyantes qui conversent librement avec une section rythmique imperturbable, laquelle martèle son propos quoiqu'il advienne. "Latterday saints" poursuit sensiblement cette démarche où l'émotion semble être le catalyseur de la musique du groupe. Une douceur narcoleptique, une mélancolie douce dans laquelle on se surprend à se perdre, Callisto délaisse un temps les rives du post-(hard)core pour rejoindre les berges célestes d'un Sigur Ros ou d'un The Album Leaf dans l'expression des sentiments. Mais, inexorablement, la violence brute exsudée par un chant issu des profondeurs refait surface et le groupe fait parler sa puissance avant de conclure le morceau dans un crescendo volcanique qui fait la part belle aux élancements métalliques.

"The Fugitive" prend des accents indie rock avant de lentement monter en pression et faire éclater une bulle de colère froide dans des crescendo abrasifs et un final qui se perd doucement dans des volutes de fumée. Un interlude minimaliste plus tard ("Backwoods") puis une pépite post-rock évanescente ("A close encounter"), et les finnois enchaînent avec un titre à la structure parfaitement équilibrée. Résolument indie rock, légèrement old-school et ouvertement psychédélique sur les bords dans sa première partie, puis évoluant vers des eaux proches du post-rock avant d'encore une fois marquer de son empreinte post-hardcore son final, "Pathos" synthétise à lui seul ce qui fait le talent de Callisto. Des progressions finement orchestrées, des instants erratiques au cours desquels le groupe nous emmène très haut vers des sphères musicales rarement explorées ("Folkslave"). La magie opère, les finnois nous séduisent, nous émerveillent... et lorsque vient le moment de refermer cet album, sur le merveilleux, intimiste mais également orageux "Woven hands", on prend conscience d'avoir découvert un album en forme de petit chef-d'oeuvre du genre...