Metal Métal > The Butcher's Rodeo

Biographie > De sacrés cowboys

The Butcher's Rodeo est un combo parisien formé en 2010 marqué par le hardcore et ses dérivés qui n'a pas attendu pour enregistrer un premier EP (Like a hobo on a bison, 2010). Après trois ans d'aventures (et un changement de bassiste), le quintet (Vince, Tonio, Kwet, Thom et donc Junior qui a remplacé Guigz) a délaissé les planches (parfois partagées avec Cancer Bats ou Protest the Hero) pour se mettre en boîte 7 nouveaux titres enregistrés et mixés par Etienne Sarthou (le batteur d'AqME, groupe dans lequel Vince officie également depuis 2012) puis masterisés par Magnus Lindberg (guitariste, percussionniste chez Cult of Luna mais aussi grand producteur puisque aux manettes pour The Ocean, August Burns Red, The Arrs, ...). C'est en décembre 2013 qu'on a découvert ce nouvel EP Ghosts in the weirdest places dans un très joli digisleeve.

Interview : The Butcher's Rodeo, Vincent en rodeo sur des questions (déc. 2016)

The Butcher's Rodeo / Chronique LP > Haine

The Butcher's Rodeo - Haine Wouaw ! Que de changements pour The Butcher's Rodeo ! Si le premier morceau ("Sans sourire") est tout à fait dans la veine de leurs précédentes productions (quelle claque ce titre, tout au long de l'introduction, tu sais qu'elle arrive mais tu la prends quand même), on se dit que le français leur va bien et qu'ils peuvent bastonner dans toutes les langues. La suite de l'opus montre pourtant de nombreux "ralentissements" et un paquet de moments ultra mélodiques. Pas franchement sur "Crève !" (même si on a le droit à une belle relance en chant presque clair) qui donne encore dans les montagnes russes mais bien davantage sur "Mensonges", "Haine" ou " Pater autem", les morceaux ne sont jamais calmes, le chant garde beaucoup de puissance et de grain mais une partie des lignes joue sur la clarté et l'harmonie comme jamais. Je pense alors beaucoup à AqME ("Pater autem" pourrait s'incruster sur un de leurs albums sans trop de problème), comme si Vincent y avait appris à faire autre chose de son chant et ne pouvant plus s'exprimer avec ce groupe, il avait laissé ses envies de douceur s'exprimer (enfin ?) dans The Butcher's Rodeo. L'autre théorie, c'est que le chant en français facilite peut-être ce qui ressemble à une prise de risque (surtout quand les zicos déglinguent tout sur le plan instrumental), sortir des mélodies serait plus facile dans notre langue ? Ma dernière thèse, davantage tirée par les cheveux, c'est l'influence d'Etienne, le batteur d'AqME est ici producteur et, le connaissant très bien, a pu pousser Vincent à tenter d'autres choses pour ajouter du contraste à la violence de l'ensemble. Le lien avec AqME se fait aussi assez logiquement car les textes (plus faciles à comprendre qu'avant !) sonnent comme ceux écrits par Vincent lors de la relève de Thomas. Musicalement, les gars appuient parfois sur la pédale de frein pour laisser de la place aux maux/mots mais la plupart du temps, ça blast sévère, ça défouraille dans tous les sens avec un sens du matraquage et du rythme assez fou (paye tes cassures qui fracassent les cervicales) et des effets de gratte qui tapent autant dans le soyeux que dans le sale. Avec Haine, les Hobocoreux prennent un virage assez violent, les rageux (jaloux ?) y verront des faiblesses, personnellement, j'y vois une assurance impressionnante et je me laisse autant bercer que chahuter par le résultat.

The Butcher's Rodeo / Chronique LP > Backstabbers

the butcher s rodeo - backstabbers Si The Butcher's Rodeo avait montré pas mal de talent avec son EP Ghosts in the weirdest place, ce premier opus dépasse les espoirs qu'on pouvait placer en eux. Production impeccable (peut-il en être autrement avec Francis Caste qui a déjà soigné celui de Zuul FX, Kickback, Hangman's Chair, Cowards, Mur, Flying Pooh...), artwork réfléchi jusque dans ses déclinaisons (bravo Alex Diaz du Spaniard Studio déjà à l'oeuvre pour The Prestige, Merge, Doyle Airence...) et douze compos en béton.

On embarque avec "Setting sails" et un conseil, ne monte pas trop le son sur cet intro, elle est toute douce mais la suite risque de te déboîter les tympans. Chant éraillé, sonorités plombées, oppression des riffs, gradation dans la tension qui débouche sur un temps bien plus serein, en moins de quatre minutes "Little death" dévoile toute la richesse instrumentale du combo et Vincent en a encore sous la pédale puisqu'il ne dégaine ses premières véritables mélodies accrocheuses que sur "Conundrum" (la tracklist double le premier "n" mais c'est une faute). "Nelson's folly" porte lui bien son nom, le titre est chaotique au possible, ça bastonne dans tous les sens, les boulets et les balles fusent comme à Trafalgar et ce n'est pas le banc de sable sur lequel on finit par s'échouer qui nous sauvera de la sauvagerie ambiante ("Redemption cay"). L'espoir d'un peu de répit vient du navire de sa Majesté où, là encore, les riffs tourbillonnent jusqu'à notre entrée dans l'oeil du cyclone, calme plat. La machine à riffs se remet en marche avec "The legacy" jusqu'à l'étouffement auditif et le renoncement au coeur du titre : la mélodie prend le dessus, encore une fois, autant techniquement qu'artistiquement, The Butcher's Rodeo maîtrise totalement son sujet. S'il faut un faible tirant d'eau "In the shallows", il faut être bien accroché, car ça secoue, hardcore, rock, screamo, math, on est lessivé par les influences compactées, "Good fuckin' luck" pour faire le tri, on est de nouveau proche de l'épuisement tant le morceau est intense. Une plage de repos plus tard ("The devil of the wind"), le final nous assomme définitivement.

The Dillinger Escape Plan prend sa retraite mais si tu cherches de quoi les remplacer, pas la peine de traverser la Manche ou l'Atlantique, The Butcher's Rodeo est prêt à te sauter à la gueule et à te dévorer les méninges.

The Butcher's Rodeo / Chronique EP > Ghosts in the weirdest place

The Butcher's Rodeo - Ghosts in the weirdest places L'artwork très travaillé donne envie de se plonger dans la musique sans forcément savoir ce qu'on va prendre dans les feuilles... Même si en y regardant de plus près, la bestiole se trouve devant des articles de presse dont le thème récurrent est la mort plutôt violente... Et les suspects sont nos zicos qui se mélangent à leurs textes option manchettes... Celles-là sont en papier journal, on ne tarde pas à en prendre d'autres mais option karaté avec "The curse" qui donne le ton de l'EP : ça va saigner ! HardCore avec caisse très claire en évidence et grattes rouillées, on se recule des enceintes pour pas choper le tétanos et profiter un peu plus des contrastes apportés par les riffs furieusement rock'n'roll et un chant qui passe en mode mélodieux pour mieux gueuler ensuite. Si The Butcher's Rodeo a une grosse base HxC, les aspirations et capacités de ses cinq membres donnent beaucoup de variété aux différents titres. Ainsi on peut entendre des passages à la Stereotypical Working Class (et donc à la Noswad le "premier" groupe de Vince, dans lequel l'influence est plus marquée) comme par exemple sur "Eye of the storm", ou des parties plus screamo dans le genre de Funeral For A Friend voire 36 Crazyfists ("Blind army") où les écorchures font leur petit effet sans jamais tomber dans le mélo mielleux qui a mis certains en déroute (Bring Me The Horizon ou Bullet For My Valentine quand ils oublient que dans métalcore, il y a "métal" et "core").

Le groupe porte bien son nom, car on est balloté comme sur le dos d'un taureau qui sentirait que le mec sur son dos est un boucher prêt à le découper, enfin j'imagine car je n'ai jamais bossé dans une boucherie et je suis encore moins monté sur le dos d'un bovin... Ce que je peux affirmer, c'est que leur HardCore & Roll envoie du steak et que ça doit vraiment être la crise pour qu'une production de ce niveau ne trouve pas de crèmerie pour le distribuer...