the butcher s rodeo - backstabbers Si The Butcher's Rodeo avait montré pas mal de talent avec son EP Ghosts in the weirdest place, ce premier opus dépasse les espoirs qu'on pouvait placer en eux. Production impeccable (peut-il en être autrement avec Francis Caste qui a déjà soigné celui de Zuul FX, Kickback, Hangman's Chair, Cowards, Mur, Flying Pooh...), artwork réfléchi jusque dans ses déclinaisons (bravo Alex Diaz du Spaniard Studio déjà à l'oeuvre pour The Prestige, Merge, Doyle Airence...) et douze compos en béton.

On embarque avec "Setting sails" et un conseil, ne monte pas trop le son sur cet intro, elle est toute douce mais la suite risque de te déboîter les tympans. Chant éraillé, sonorités plombées, oppression des riffs, gradation dans la tension qui débouche sur un temps bien plus serein, en moins de quatre minutes "Little death" dévoile toute la richesse instrumentale du combo et Vincent en a encore sous la pédale puisqu'il ne dégaine ses premières véritables mélodies accrocheuses que sur "Conundrum" (la tracklist double le premier "n" mais c'est une faute). "Nelson's folly" porte lui bien son nom, le titre est chaotique au possible, ça bastonne dans tous les sens, les boulets et les balles fusent comme à Trafalgar et ce n'est pas le banc de sable sur lequel on finit par s'échouer qui nous sauvera de la sauvagerie ambiante ("Redemption cay"). L'espoir d'un peu de répit vient du navire de sa Majesté où, là encore, les riffs tourbillonnent jusqu'à notre entrée dans l'oeil du cyclone, calme plat. La machine à riffs se remet en marche avec "The legacy" jusqu'à l'étouffement auditif et le renoncement au coeur du titre : la mélodie prend le dessus, encore une fois, autant techniquement qu'artistiquement, The Butcher's Rodeo maîtrise totalement son sujet. S'il faut un faible tirant d'eau "In the shallows", il faut être bien accroché, car ça secoue, hardcore, rock, screamo, math, on est lessivé par les influences compactées, "Good fuckin' luck" pour faire le tri, on est de nouveau proche de l'épuisement tant le morceau est intense. Une plage de repos plus tard ("The devil of the wind"), le final nous assomme définitivement.

The Dillinger Escape Plan prend sa retraite mais si tu cherches de quoi les remplacer, pas la peine de traverser la Manche ou l'Atlantique, The Butcher's Rodeo est prêt à te sauter à la gueule et à te dévorer les méninges.