Wouaw ! Que de changements pour The Butcher's Rodeo ! Si le premier morceau ("Sans sourire") est tout à fait dans la veine de leurs précédentes productions (quelle claque ce titre, tout au long de l'introduction, tu sais qu'elle arrive mais tu la prends quand même), on se dit que le français leur va bien et qu'ils peuvent bastonner dans toutes les langues. La suite de l'opus montre pourtant de nombreux "ralentissements" et un paquet de moments ultra mélodiques. Pas franchement sur "Crève !" (même si on a le droit à une belle relance en chant presque clair) qui donne encore dans les montagnes russes mais bien davantage sur "Mensonges", "Haine" ou " Pater autem", les morceaux ne sont jamais calmes, le chant garde beaucoup de puissance et de grain mais une partie des lignes joue sur la clarté et l'harmonie comme jamais. Je pense alors beaucoup à Aqme ("Pater autem" pourrait s'incruster sur un de leurs albums sans trop de problème), comme si Vincent y avait appris à faire autre chose de son chant et ne pouvant plus s'exprimer avec ce groupe, il avait laissé ses envies de douceur s'exprimer (enfin ?) dans The Butcher's Rodeo. L'autre théorie, c'est que le chant en français facilite peut-être ce qui ressemble à une prise de risque (surtout quand les zicos déglinguent tout sur le plan instrumental), sortir des mélodies serait plus facile dans notre langue ? Ma dernière thèse, davantage tirée par les cheveux, c'est l'influence d'Etienne, le batteur d'Aqme est ici producteur et, le connaissant très bien, a pu pousser Vincent à tenter d'autres choses pour ajouter du contraste à la violence de l'ensemble. Le lien avec Aqme se fait aussi assez logiquement car les textes (plus faciles à comprendre qu'avant !) sonnent comme ceux écrits par Vincent lors de la relève de Thomas. Musicalement, les gars appuient parfois sur la pédale de frein pour laisser de la place aux maux/mots mais la plupart du temps, ça blast sévère, ça défouraille dans tous les sens avec un sens du matraquage et du rythme assez fou (paye tes cassures qui fracassent les cervicales) et des effets de gratte qui tapent autant dans le soyeux que dans le sale. Avec Haine, les Hobocoreux prennent un virage assez violent, les rageux (jaloux ?) y verront des faiblesses, personnellement, j'y vois une assurance impressionnante et je me laisse autant bercer que chahuter par le résultat.
Publié dans le Mag #49