Brume Retina : Linéaire des libres Prolongation naturelle de Gameness, Brume Retina fait également dans l'émo/screamo mais cela sonne par moment plus rock que "core", les guitares ne sont pas toujours agressives et les deux groupes sont donc différents. A la violence sans retenue du titre éponyme, "Linéaire des libres" on peut opposer "Poison" au riff introductif Toolien et "clair" qui comme "Tout le monde n'entre pas" ne fera parler la poudre que sur la deuxième partie de la composition. Brume Retina manie les oxymores musicales : clair/obscur, doux/violent, mélodique/parlé/hurlé, limpidité/turbidité... On peut comparer Brume Retina à un cyclone : les guitares tourbillonent, le rythme tonne puis vient l'oeil et le calme absolu, la quiétude avant de prendre l'autre moitié de l'ouragan ("Retouche").
Si les titres sont en français, il est à noter que les traductions des textes sont disponibles en anglais dans le livret, histoire de se faire comprendre à l'étranger (le disque est trouvable dans les pays de l'Est via Unbeliever Records), ce qui n'est pas aussi simple que ça en a l'air tant les écrits ressemblent à une prose urbaine désenchantée (qui a dit Amanda Woodward ?) autant déstabilisée que déstabilisante, voici un extrait de "Linéaire des libres" : Cervellant les coupables et montre du doigt, le mouvement robuste de l'asservissement. Alors on se pousse dans le vide, l'os grinçant vers les images radios, vers l'âme noire du messager qui récolte l'info. Liberté perdue par jets successifs dans le néant. (tous les textes sont dispos sur BrumeRetina.c.la).
Aprés le Another thousand days, out of this world de Tang, Brume Retina enfonce le clou d'un émo français qui non seulement s'affranchit de ses aînés mais en plus montre sa diversité et sa capacité à frapper fort et à certainement devenir une référence sur le continent, car derrière ceux qui sont en première ligne (Tang, Amanda Woodward, Gantz), de nombreux autres montrent les dents et tâchent eux aussi d'êtres bons et différents.