Bring Me The Horizon - Sempiternal Quand l'un des groupes les plus adulés (et donc en même temps) détestés de la scène dite "metal" planétaire passe d'un gros label indé (Epitaph) à une major (RCA Records appartient à Sony Music), on peut fatalement se dire que les plus ardents défenseurs d'une indépendance façon DIY farouchement anti-commercial vont grincer des dents. Parce que oui, Bring Me The Horizon sort ce Sempiternal avec une distribution maousse et que triple oui, BMTH n'a sans doute jamais été aussi bankable, facile et mainstream qu'avec ce nouvel album parfois même (qui a dit "souvent" au fond de la salle) putassier. La cash-mashine va faire sauter la banque.

En même temps, quand on déflore un album et ses jeunes fan-girls à peine pubères avec un "Can you feel my heart", on donne un peu le... bâton pour se faire battre. Effets électro des plus racoleurs, production sur-gonflée, mélodies taillées pour les stades, on attend déjà la grosse machine qui va envoyer les watts pour exhiber ses tatoos et jouer les durs alors fatalement, ça ne tarde pas et les anglais propulsent un "The house of wolves" étrangemment sous mixé (apparemment ce serait un choix) histoire de mettre les gangvocals (euh...) en avant. Enfin, façon BMTH, qui les mixe avec des choeurs metalcoreux atypiques du genre. Avant de balancer un peu de coolitude burnée sur un "Empire (let them sing)" certes arrogant, mais parfaitement assumé.

Les titres passent et Bring Me The Horizon confirme ce que l'on attendait, à savoir qu'il est l'archétype du "tu aimes"/"tu abhorres" (ce sera le seul mot compliqué de la chronique) avec un album ultra-calibré pour plaire aux die-hard fans du genre et nostalgiques du néo-metal qui veulent passer à quelque chose de plus "hype". La mode passe, l'esprit reste. Et les anglais, en excellents money-makers qu'ils sont (en 2013 dans le petit monde de la musique, c'est loin d'être si évident), savent comment caresser leur auditoire dans le sens du poil (remember les nymphettes évoquées en début de chronique...) avec des titres aussi "efficaces" que "Sleepwalking" ou "Go to Hell, for Heaven's sake". Alors quand déboule LE tube de l'album, l'évident single qu'est "Shadow moses", BMTH s'impose comme ce qu'il est désormais : le successeur de Linkin Park avec une paire de bollocks en plus mais dans un genre légèrement différent quoique proche en terme de cible marketing (cf : "Hospital for souls").

Si les âmes chagrines trouveront ça extrêmement détestable artistiquement, force est de constater que Sempiternal, dans un registre parfaitement balisé et troussé, est d'une fracassante efficacité (sisi), en témoigne les solides "Anti-vist" et "Crooked young" : emballés avec soin, emphase et tout ce qu'il faut de grandiloquence pour plaire à un maximum de monde. Là, s'ils n'emballent pas des hordes de jeunes filles en fleur et un peu plus, notamment sur "And the snakes start to sing" ou "Seen It all before" (histoire qu'on ne les ait pas subi pour rien), on ne peut rien faire pour eux.