L'histoire de Box13 est celle de nombreux groupes similaires (ou presque). Tout commence fin 2006 lorsque Skinto et Fionel, deux zikos évoluant dans des combos rock/metal prog décident de s'orienter vers quelque chose de plus rugueux, brut et immédiat, évoluant aux frontières du stoner grunge. Un troisième membre vient alors se greffer au duo existant en la personne de Benj mais rapidement, la nécessité d'un chanteur se fait ressentir au sein du groupe. Là problème, le groupe a beau chercher, sans pour autant trouver chaussure à son pied, jusqu'à ce que Yannzi tente sa chance. Box13 a son line-up... mais pas encore son style. Car lorsque le groupe enregistre son concert courant 2007, il se rend compte que sa musique ne correspond pas vraiment à l'idée de départ. S'ensuivent remise en question et prise de conscience collective, quelques mois passés à retravailler les compos avant que Box13 n'entre en studio au printemps 2008 afin d'enregistrer les 4 titres de son premier EP...
Box13
Biographie > Boxcar Bertha
Box13 / Chronique LP > Visions
Si l'on pouvait reprocher quelque chose au premier effort signé Box13, ce serait sans doute son artwork, pas franchement très réussi ni évocateur de grand chose (ou alors, on avait à l'époque loupé un épisode). En tous cas, le groupe semble l'avoir compris et à l'occasion de son nouvel effort, Visions, a soigné le look visuel dudit opus en jouant notamment sur les clairs/obscurs, comme pour mieux affirmer son approche artistique au moment de le dévoiler à l'auditeur. Si l'on pouvait reprocher quelque chose au premier effort signé Box13, ce serait sans doute d'avoir frappé trop fort au premier coup pour que la suite ne finisse pas par forcément décevoir. Et pourtant, le groupe démontre un peu plus de deux ans plus tard qu'il en avait encore sous la pédale.
"Sombre lueurs", premier titre de l'album, débute à peine que déjà les enceintes s'embrasent sous les coups d'un metal noisy hardcore à la sensibilité exacerbée, à la densité émotionnelle palpable et oppressante. En moins de 5'20, les Limougeauds frappent un grand coup et mettent tout le monde d'accord. Seul un groupe au potentiel indéniable peut pondre un titre de cette trempe. C'est donc une évidence, Box13 est capable de beaucoup de choses et s'il ne le démontre pas nécessairement sur chacun des titres de ce Visions, "Labyrinthe" manquant par exemple un peu de souffle, ou "Supplice" ayant bien du mal a affirmer sa touche métallique, il fait mieux que se défendre sur la majeure partie de l'album. D'autant qu'il a pris le parti, assez casse-gueule, de chanter dans la langue de Voltaire. Et si on ne connaît que trop bien le problème que cela pose lorsque l'on veut être crédible, ici, ça passe sans trop de casse, malgré quelques petits accrocs ("Supplice" encore..., "Aller sans retour").
Hormis ces quelques défauts de fabrication, Box13 distille un cocktail metal/rock/noise/hardcore incisif et écorché, sombre et débarrassé de tout effet superflu ("13% vol."). Car le groupe n'est pas vraiment décidé à se cacher derrière une production luxueuse et des effets de studio visant à masquer la pauvreté de ses morceaux. Si le son est en tous points excellent, des titres comme "Miroir des secrets" ou "Sur le fil" délivre un metal organique assez dépouillé mais à la fois puissant, abrasif et sous tension permanente. On pense parfois à AqME, Deftones, Will Haven ou Vision of Disorder et le groupe parvient à se faufiler entre ses "influences" pour affiner sa touche musicale. Qui n'a rien de révolutionnaire sur le fond ou la forme, mais qui parvient, entre quelques accélérations de double-pédale et cris rageurs, à se distinguer par une écriture et un savoir-faire aussi efficace qu'inspiré. Hargneux, rageur et carrément bien troussé.
Box13 / Chronique EP > Box13
En ouvrant la boîte de Pandore de son metal puissant, compact et incisif, Box13 laisse le champ libre à une créature mythologique qui en profite pour développer un premier titre chirurgical à la Helmet ou Sleeppers aussi puissant, volcanique que sensuel qui sied parfaitement au visuel de ce premier EP. Des riffs qui jaillissent de toutes parts comme autant de geysers, les flashes se succèdent, crépitant autours de la lave en fusion, dévoilant peu à peu la silhouette gracieuse d'une "Morphée" insaisissable. Entre rêve et réalité, le groupe appose sur une base instrumentale métallique des textes en français particulièrement soignés. Box13 nous invite dans la spirale d'un monde imaginaire, entre onirisme latent, et lucidité oppressante. Faisant sans cesse l'allez-retour entre les deux univers, le groupe prend soin de d'élever son propos largement au dessus de ce que l'on à coutume de voir dans le genre et fait preuve d'une maîtrise technique quasiment irréprochable.
Production solide, hurlements rageurs éruptifs, guitares tranchantes, distillat sonore que le combo injecte directement en inter-cortical. L'effet est immédiat, le "Mauvais oeil" s'abat sur des compositions ténébreuses et fait exploser la bulle sonore dans laquelle on aurait pu être tenter de les enfermer. Peu à peu, la colère soudurale remonte inexorablement vers la surface, les riffs, concis, urgents, nerveux se font plus abrupts, la tension gagne ce premier EP et "Tyrannie du sort" s'impose comme la conséquence immédiate de cet état de faits. L'éruption est désormais imminente. Box13 instaure ici des climats post-cycloniques, où quand mère nature a tout rasé sur son passage dans éclair de rage et que l'on se retourne contempler le chaos ambiant... Les limougeauds font sonner les décibels, les guitares expulsent des flots de lave des entrailles de la Terre, une géothermie musicale que le groupe met en oeuvre sur un premier essai discographique que conclue un "Requin" orageux. Conclusion logique d'un EP magistralement canalisé de la première seconde au dernier souffle de vie... sans l'ombre d'une erreur de parcours dans ce qui conduit Box13 à nous emmener dans son univers musical prégnant et définitivement obsédant.