botch_an_anthology_of_dead_ends.jpg Après neuf années de carrière à broyer du riff tectonique et surtout deux albums considérés par la plupart comme des disques majeurs du mouvement hardcore, Botch met fin à une histoire débutée en 1993 en sortant son ultime témoignage studio : An anthology of dead ends. Un EP six titres paru chez Hydrahead, où le groupe pousse sont art jusqu'à son paroxysme. Six titres de metal hardcore complexe et labyrinthique au concept a priori indéchiffrable : des noms de pays servent de titres au morceaux du mini-album mais les "n" sont remplacés par des "m". Comment, on l'imagine assez bien, pourquoi, même quelques années plus tard, mystère... Des riffs saignants comme jamais, des rythmiques en béton armé, des mélodies qui emportent tout sur leur passage et des breaks démentiels... Les références du genre que sont Coalesce ou Converge sont dépassées, car peut importe le concept de départ, le résultat est là : "monu-métal".
L'idée du groupe : l'évolution perpétuelle de sa musique pour constamment en repousser les limites qu'il s'est lui-même précédemment fixées. Une puissance de feu hardcore/rock new-school monstrueuse, une guitare tronçonneuse, un chant qui se fait moins hardcore qu'à l'accoutumée et une section rythmique bulldozer, Botch fait ce que bon lui semble... Insérant quelques plans atmosphériques au beau milieu d'un véritable déferlement de métal tellurique pachydermique ("Japam", "Framce"), il tranche dans le vif avec une précision chirurgicale que lui envieraient nombre de pilotes de l'US Air Force engagés en Irak ("Micaragua")... Le groove est aussi énorme que sur American nervoso ou We are the romans, les deux précédents et difficilemment oubliables méfaits du groupe, pourtant leur musique évolue, lentement, inexorablement. Lignes de guitares découpées au laser, batterie qui nettoie concensieusement les dernières poches de résistance, mélodies aussi peu consensuelles qu'implacables ("Vietmam"), Botch ne donne pas dans le compromis, évacue fermement toute forme de concession pour livrer une production ravageuse à la maîtrise formelle ahurissante. Petite touche de finesse calculée dans cet univers de brutes avec "Afghamistam". Les natifs de Seattle livrent un morceau de slowcore/post-rock milimétré à l'élégance inattendue et à la douceur feutrée bienvenue. Comme une dernière surprise avant de mettre un terme à cet Anthology of deads ends au titre si bien trouvé et par là-même à la discographie du groupe. Une conclusion (quasi) définitive (un DVD live sortira en 2006) de l'histoire d'un groupe hardcore metal rock phare des années 90...