botch_american_nervoso.jpg An de grâce 1999, Botch formation originaire de Seattle et alors relativement méconnue fait ses premiers pas discographiques avec ce "long play" baptisé American nervoso. Huit ans après, les bacs de nos disquaires préférés en tremblent encore. Réflexion faite, le groupe aurait très bien pu appeler son album American furioso tant la déflagration laisse des trâces quasi indélébiles. Pratiquant la politique de la terre brûlée, le bulldozer Botch rase tout sur son passage dès les premiers instants de l'album et ne s'arrêtera pas avant d'avoir accompli son oeuvre, au terme de la petite dizaine de bombes à fragmentation que recèle cet album. Riffs math/hardcore telluriques, vocaux haineux et rythmiques assénées avec une sauvagerie peu commune ("Hutton's great heat engine"), Botch fait brutalement rebondir ses compos sur la platine et nos vertèbres en sentent encore les effets de longues heures après la confrontation. Car il s'agit là, d'une guerre que mène le groupe contre un ennemi invisible... Son metal hardcore technique est viscéral, la vitesse d'exécution foudroyante et la maîtrise formelle carrément bluffante ("John Woo").
Hymnes au headbang psychotique, guitares qui tranchent directement dans le gras, section rythmique névrotique et ultra-saccadée qui ramasse les restent pour les passer dans le broyeur, Botch sort l'artillerie (très) lourde et ne se prive pas de faire la démonstration de tout le potentiel de son arsenal. Les riffs de David Knudson sont destructeurs et appuyés par une basse fulgurante (merci Brian Cook) : le résultat est à peine concevable. Osant des ruptures de rythmes aussi impromptues que ravageuses, le quartet démontre qu'il a pris le temps de maîtriser ses instruments avant de coucher sa haine sur papier et de l'enregistrer en studio ("Dali's praying mantis"). Et quand enfin, le calme revient quelques instants, Botch brise ce bref instant de repos pour repartir de plus belle ("Dead for a minute"). Une rage brute chevillée au corps à la Converge (c.f les meilleurs titres de Jane Doe), les américains mettent tout ce qu'ils ont en eux, nous remuant les trippes dans des élans de folie cataclysmique sans égale. Alors oui, il n'y aurait bien que le final au piano d'"Oma", sorte d'oraison funèbre en préambule du chaos annoncé, qui appose ses quelques accords apaisant avant que de nouveau la terre s'ouvre sous nos pieds et que les hurlements enfiévrés de Dave Verellen n'embrase le ciel. Ensuite, tout n'est plus que dévastation. Un riffing pachydermique, des assauts de guitares que l'on prend en pleine face, ("Rejection spoken softly", "Spitting black", un "Hives" sulfurique), American nervoso est un album qui au moment de sa sortie ne laissait aucun répit, aujourd'hui, à l'heure de sa réédition, l'effet est à peu près le même... sauf qu'il dure plus longtemps. Agrémenté de quelques démos (une "John Woo" démo encore plus démente que sur le premier jet) et "extended version" des morceaux originaux, Botch jette le mouvement hardcore dans un bac d'acide pour imposer sa marque. Monstrueuse, dantesque, inimitable.... Bienvenue dans l'enfer de Botch...