L'arrivée d'une page sur Body Fluids me permet de faire une mise au point sur ce que je pense des "néo-métal".
Et oui, "des", parce qu'il faut bien différencier le "néo-métal" pur du "néo-métal" de raccroc. Je ne vais pas ici faire dans le détail, c'est juste un truc pour que tout le monde comprenne d'où vient "le néo", si tu veux en discuter plus amplement, tu sais où me trouver...
Le préfixe "néo" est récurrent dans le rock, il qualifie tout ce qui est nouveau pour bien montrer qu'il y a une rupture avec le passé, que ce nouveau dérivé d'un style apporte de la fraîcheur et va sauver le style de l'ennui mortel dans lequel il était tombé. Ici, pour le métal, on avait traversé les années 80 du speed métal des Motorhead, MetallicA... au thrash métal des Pantera, Sepultura, Slayer... Les guitar-heroes se régalaient comme leurs aînés des années 70, mais les riffs avaient passé la vitesse supérieure et les mélodies avaient été remplacées par des rythmiques assassines. Bref, on arrive au début des années 90 et des groupes métal émergent sans se préoccuper des règles en vigueur, ils cherchent tous à avoir leur son (lourd autant que possible), leurs effets, veulent donner de la profondeur à leurs compos, mettent des sentiments dans leur chant, font passer des émotions, n'hésitent pas à mélanger leurs diverses influences et on obtient la vague "néo-métal" en provenance directe des USA : Helmet, KoRn, Tool, Deftones ... ils jouent plus avec leurs tripes qu'avec leurs gammes pentatoniques, c'est nouveau, c'est métal, c'est du "néo-métal". En Europe, il faut être bien informé pour savoir que ces groupes existent et vont révolutionner le monde du métal dans les années à venir...
Au moment de confirmer tout le bien qu'on pensait d'eux avec un deuxième opus, après un premier plus que prometteur (KoRn, Undertow, $$Adrenaline...), une floppée de groupes a suivi le mouvement aux USA et va sortir son premier skeud au milieu des années 90', ce sont les Limp Bizkit, Far, Will Haven, Snot, Coal Chamber, The Urge, Incubus ... A côté de ceux-là, certains groupes vont carrément faire évoluer leur son vers ce style et donc s'y rattacher ! Machine Head en est le parfait exemple. Les média européens s'intéressent à la vague, qui est devenue un raz-de-marée outre-Atlantique, et emballe le tout sous le terme "néo-métal" alors que les seconds n'ont rien amené, ils ont juste suivi la voie tracée par les premiers.
Du coup, ils font tous du "néo-métal", et puis comme ça sonne bien, que c'est tendance, les groupes européens qui vont sortir feront fatalement du néo-métal pour peu qu'ils soient influencés par cette vague américaine. Et ce qui vaut pour Watcha ou Pleymo s'étend à presque toute la scène frenchie. Merde, Lofofora faisait du "néo-métal" avant Limp Bizkit et on le savait même pas ! Bref, on bouffe du néo-métal à toutes les sauces et le terme qui à la base est un adjectif plus que révérencieux prend une connotation péjorative dont tous les groupes essayent de se dégager pour ne pas se faire enfermer. Pourquoi ? Parce que tout le monde peut aujourd'hui faire du néo avec quelques riffs, un gros son, un bon producteur et une grosse promo (si en plus, ça vient des USA, jackpot !), on oublie la créativité au profit de la jumpitude en live ! L'idéal étant de concilier les deux mais ça, beaucoup l'ont oublié...
Enfin, cette explosion d'un style a permis à beaucoup de monde de se réveiller, de reprendre les instrus et de jouer, partout, des groupes se forment et avancent pour faire bouger une scène qui a trouvé un public avide de gros son. Et parmi ces groupes qui sont de plus en plus nombreux à arriver avec des références françaises, européennes dans leur background musical, se pointe les Body Fluids qui sont à mi-chemin entre Watcha et Pleymo et le revendiquent.
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Body Fluids, c'est des jeunes Picards qui répètent ensemble et font quelques petits concerts et d'autres plus importants (Festival Rock de Ponpoint organisé par le label Pollens au printemps 99, fête de la musique à Beauvais), c'est en juillet 99 qu'ils décident d'intégrer des machines et donc Mouf, la basse change également de main cet été 99 et passe dans celles d'Arno, les grattes restent tenues par Arno (l'autre) et Florent, Côme distille toujours ses lyrics orientées straight-edge (straight edge = je ne fume pas, je ne bois pas, je ne mange pas de viande, je suis cool, c'est cool), derrière les fûts, c'était Guillaume mais pas assez disponible, il sera remplacé à l'automne 2000. Ne grillons pas les étapes, l'été 99 est également marqué par les "Trophées Klaudstock" de Chantilly, un tremplin que gagne Body Fluids, ce qui leur permet d'enregistrer une pitite démo 2 titres (à savoir "Ignition" et "Pas d'style"). Le groupe tourne, joue dans les moindres recoins de la Picardie et s'éclatent sur scène, communiquant au maximum avec le public. L'accumulation de dates les endurcit et au printemps 2000, ils montent jusque la capitale pour enregistrer une démo plus que sérieuse. Enregistrée au Liberty Rock Studio (QG de Mass Hysteria, Oneyed Jack, Lofofora...) et mixée par Rouslan Tsar, elle comprend 4 titres qui permettent de situer le groupe et qui devraient surtout lui permettre de décrocher de nouvelles dates, de nouveaux contacts, l'objectif étant de faire ses armes sur scène avant de s'attarder dans des studios pour mettre sur CD un Long Play. C'est ce qu'on leur souhaite.
Body Fluids / Chronique LP > Body Fluids
Body Fluids aura attendu la fin du mois d'avril 2004 pour sortir son premier album éponyme, ils ont donc eu le temps de composer un petit paquet de titres, 14 sont sur l'album qui s'étend sur prés d'une heure (59 minutes 59 secondes exactement). Alors qu'en est-il des picards qui avaient surpris par la maîtrise de leur folie nu-métal ? Et bien, ils ne se sont pas calmés, toujours aussi tarés, enchaînant plans sur plans avec breaks, transitions et délires contrôlés. Mélangez bien fort Toxitoys, Watcha, Psykup, Faith no More, System Of A Down et Bumblefoot secouez encore un peu et vous aurez une petite chance de comprendre à quoi correspond Body Fluids sans l'écouter... Dans les grandes lignes, ça reste tout de même marqué par le néo-métal, en terme de son comme de principaux riffs, ils sont quand même là pour nous faire jumper ! Slap, riffs plombés, accélérations vertigineuses, textes à la limite du compréhensible qui alternent voix fluette et caverneuse, anglais et français, Body Fluids est une sorte de grand huit qui ne s'arrête jamais... même pour une "Interlude" de 37 secondes, ils lâchent de gros accords et arrivent à nous semer...
C'est assez rare, mais je trouve l'album trop long, à l'instar de Le temps de la réflexion de Psykup, il y a beaucoup trop de choses dedans pour l'écouter vraiment d'une traite, peut-être aurait-il fallu sortir du tracklisting des titres moins inspirés comme "Brainless" ou "-5 secondes"... Mais les fans du genre seront comblés par autant d'attentions...
Body Fluids / Chronique EP > Body Fluids démo
Grosse basse, gros riffs, break et "Go" c'est tipar pour 4 titres au pays des liquides corporels. "Etik" entame le gros quart d'heure de son qui nous est offert. Rap-Métal ? HopCore ? On alterne le phrasé hip hop avec un chant chargé d'émotions, les paroles sont très respectueuses du style qui veut qu'on site les groupes qu'on aime et qu'on fasse un jeu de mot avec Follow the leader ! Côté rythmiques, ça balance, normal. Côté grattes, c'est là que c'est très intéressant, c'est sacrément bien barré, ce n'est pas qu'une succession de riffs, on retrouve un peu de tout, avec pas mal d'effets et même un piti bout de solo. Le titre fait près de 6 minutes mais n'est jamais lassant. "Djin" s'offre une intro délirante (euh, j'espère que c'était un délire, si c'était sérieux, c'est raté !), gros riffs, séquence slap/tap à la basse et on frakasse tout avec un refrain préparé pour faire jumper les foules "Djin ! Djin ! Djin ! Come in !", un porn-break un peu longuet et on remet la sauce. "Pas d'style", une vieille compo donc, et là, les samples se font repérer, jusque-là, c'était pas forcément le cas. Le morceau est titubant, n'avance pas, va tomber, et bang bang, ça pète, les riffs basiques côtoient les délicats effets de style. On baisse le son et "Lost" enchaîne, là, le groupe installe une atmosphère tranquille et peu rassurante avant de réveiller tout le monde, Bob de Watcha a donné des cours à Côme ? En tout cas, le groupe aime Watcha, et même s'ils essayent de ne pas trop s'en rapprocher, certains passages y font irrémédiablmement songer. Mais derrière les guitares partent dans les aigus et ça, ça nous change , o)
Pour résumer, c'est une bonne démo au carrefour Watcha/Pleymo, on sait maintenant qu'il y a Body Fluids, maintenant il va falloir prouver que le groupe peut composer une dizaine de titres et les foutre sur un album sans se marcher dessus et sans trop marcher sur les traces des grands frères.