Je ne voudrais pas me jeter des fleurs, mais si je ne faisais pas partie (à temps partiel, certes) de la team W-Fenec, BlackRain n'aurait aucune chance de figurer dans ces pages. Faut dire que le groupe glam rock tout droit venu d'Annecy (ouais, ça calme), à défaut d'avoir des casseroles au cul, a un background disons, peu banal (participation à un télé crochet sur M6, soupçon de formatage, campagne de pub dans les magazines pour annoncer un concert à Limoges) et ne joue pas un style ayant les faveurs de mes collègues. Sauf que pour avoir vu le groupe il y a quelques années ouvrir pour Airbourne et Motörhead, j'en garde un très bon souvenir, et ma curiosité est à son comble quand je presse play (and loud) pour lancer Dying breed, (déjà) sixième album des Français.
Si le quatuor a lissé ses cheveux, il n'en est rien de sa musique. En atteste l'énergie délivrée dès les premiers riffs de Dying breed, premier titre de l'album du même nom. Ça pulse, le refrain fonctionne et on pourrait même se surprendre à chantonner ! Mélange de sleazy/glam/stadium/heavy rock, BlackRain a clairement de la bouteille pour proposer un ensemble de titres (ou une track list si tu veux te prendre pour un américain) qui fonctionne. Et même quand on est à la limite du plagiat (l'intro de "Hellfire" est bien proche de celle de Look that kill" de Mötley Crüe !), ça marche à tous les coups. Souvent comparé au quatuor de Los Angeles, le groupe n'est pas en reste quand les riffs se veulent plus heavy ("Nobody can change", "We are the mayhem") et sait également proposer des niaiseries dont seuls les ricains ont le secret (purée, "All angels have gone", c'est chaud quand même, mais c'est pas pire que la dispensable cover de "Ca plane pour moi") ou des "tubes" qui pourraient tourner en heavy rotation aux States ("Rock radio", "A call from the inside"). Les amateurs et nostalgiques de Night Ranger, du Crüe (et, en étant un peu mauvaise langue, de Steel Panther) et même de Bon Jovi y trouveront assurément leur compte à l'écoute de Dying breed qui respecte avec minutie le cahier des charges (ou les gimmicks du genre, au choix) : grandiloquent mais efficace, puissant mais passe partout avec son lot de guitares incisives, de refrains calibrés, de gros son parfois old school et surtout de passion pour un style qui n'a pas vraiment le vent en poupe. Et rien que pour ça, chapeau bas les gars !
Publié dans le Mag #41